Pékin dit oui à l'internationalisation du yuan mais non à sa réévaluation

« Le yuan deviendra aussi important que le dollar à long terme. » C'est le patron de Standard Chartered, John Peace, qui l'affirmait à l'avant-veille de la visite du président chinois, Hu Jintao, à Washington. Depuis le début de l'année, Pékin multiplie les initiatives en vue de l'internationalisation progressive du yuan. Parmi les plus commentées, la Bank of China (l'un des quatre grands établissements financiers chinois contrôlés par l'État) a annoncé le 12 janvier qu'elle allait ouvrir la possibilité à ses clients américains d'effectuer des transactions en yuan. Dans le but d'accroître l'utilisation du yuan hors de ses frontières, la Chine a autorisé en fin d'année dernière les exportateurs chinois à garder leurs devises pour effectuer des achats à l'étranger, puis, tout récemment, les entreprises chinoises ont été habilitées à titre expérimental à effectuer des investissements directs en yuan hors des frontières. Pékin a également commencé à émettre des obligations chinoises sur la place de Hong Kong et autorisé des entreprises étrangères à acheter des titres de dette chinoise.Mais il ne faut pas s'y tromper : il ne s'agit que de micro avancées, qui ne feront pas avant longtemps du yuan une monnaie convertible et encore moins une monnaie de réserve internationale. Car Pékin veut pouvoir continuer à piloter au plus près l'évolution du yuan. Certains ont applaudi le geste - purement symbolique - qui a consisté, la semaine dernière, à laisser le yuan franchir le seuil psychologique de 6,60 pour 1 dollar pour la première fois de l'histoire, en le laissant s'apprécier jusqu'à 6,5885. Poudre aux yeuxMais ce n'est que poudre aux yeux. Depuis la deuxième rupture de l'arrimage du yuan au dollar en juillet (la première était intervenue en juillet 2005 et le lien fixe avait été réintroduit à la mi-2008), la monnaie de l'ex-empire du Milieu ne s'est revalorisée que d'un famélique 3,5 %. D'ailleurs, avant même son départ pour Washington, Hu Jintao a catégoriquement rejeté l'argument américain qui veut que la Chine ait besoin d'une monnaie plus forte pour équilibrer son économie et lutter contre la surchauffe.Forte de sa montée en puissance, la Chine a la capacité à résister aux pressions de ses partenaires. Et le pouvoir de brider sa monnaie, quitte à engranger des tombereaux de ce dollar qui domine un système monétaire international qu'elle qualifie de « produit du passé ». Avec ses 2.850 milliards de dollars de réserves de change, Pékin n'est plus seulement le banquier des États-Unis. Il est aussi aujourd'hui au chevet des pays malades de la zone euro.
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