Les syndicats placent l'emploi en tête des dossiers sociaux

Les syndicats le savent. En 2010, ils devront parler durée de cotisation, âge de départ et niveau de pension, le chef de l'État ayant fait de la réforme des retraites « sa » priorité sociale de 2010. Pas question, pour autant, de laisser ce chantier à haut risque occuper tout l'agenda social. À compter de ce lundi et tout au long de la semaine, les leaders de FO, de la CFDT et de la CGT, qui présentent successivement leurs revendications, s'emploieront à placer l'emploi et la lutte contre le chômage en tête des priorités. Une requête que l'ensemble des syndicats réitéreront le 15 février lorsqu'ils seront reçus à l'Élysée pour finaliser l'agenda social 2010. « Depuis le début des cérémonies des v?ux, on nous dit que la crise est terminée. Or, elle est toujours là. Je souhaite que le 15 février, nous en parlions. Et notamment que nous évoquions la reconduction de mesures prises en 2009, qui ont été bonnes, comme les allégements d'impôts ou le RSA », soulignait François Chérèque, le leader de la CFDT, vendredi à l'issue des v?ux de Nicolas Sarkozy aux partenaires sociaux. « Ce sont des v?ux où on a le moins parlé de sujets sociaux depuis des années. Il y a chez le chef de l'État la volonté d'entretenir un consensus à quelques mois des échéances électorales. Mais, soyons optimistes, cela nous laisse de la marge pour le 15 février », ironisait, de son côté, Bernard Thibault pour la CGT.Vendredi, le chef de l'État a surtout insisté sur les mesures prises en 2009 en faveur de l'emploi, rappelant que le niveau de chômage en France était resté inférieur à celui des autres pays européens, à l'exception de l'Allemagne. Pour 2010, en revanche, Nicolas Sarkozy s'est bien gardé d'entrer dans le détail de ses projets, se contentant d'indiquer que « l'emploi allait rester sa priorit頻.Dans les prochaines semaines, les syndicats tenteront donc d'obtenir des mesures concrètes en faveur de l'emploi, en rappelant qu'en dépit des premiers signes de reprise d'activité, le marché du travail continue de se dégrader. Selon les dernières prévisions de l'Insee, la hausse du chômage devrait, en effet, se poursuivre au moins jusqu'en juin, avec un taux de 9,8 % au deuxième trimestre 2010, contre 9,4 % fin 2009. Or, au cours de ces dix-huit derniers mois, Pôle emploi a déjà connu un afflux de 600.000 demandeurs d'emploi supplémentaires, soit une hausse de 29,7 %.fin de droitsAutre source d'inquiétude aux yeux des syndicats, la forte progression du nombre de chômeurs en fin de droits qui connaîtront une baisse brutale de leur revenu en 2010. Selon une récente estimation de Pôle emploi, 1 million de personnes pourraient être concernées en 2010. Or, pour l'instant, le gouvernement a refusé de participer au financement d'un dispositif permettant de prolonger temporairement les droits aux allocations chômage, renvoyant la prise en charge vers les partenaires sociaux, via l'Unedic. « On ne peut pas détourner pudiquement le regard de ces gens ? surtout des jeunes ? qui arrivent en fin de droits. Nous savons que, s'ils s'engouffrent dans la précarité, ils n'arriveront pas à s'en sortir. Il faudra donc en parler le 15 février », précise Gabrielle Simon, en charge des questions d'emploi à la CFTC.Lors de la rencontre à l'Élysée, les syndicats ne seront pas les seuls à demander des gestes de l'exécutif en faveur du soutien à l'emploi. Plusieurs organisations patronales en font aussi leur priorité. L'UPA (artisanat) a déjà demandé le prolongement, jusqu'à la fin de 2010, de la mesure « zéro charge » pour toute nouvelle embauche dans les très petites entreprises (TPE, moins de 10 salariés) qui doit s'arrêter en juin. Une revendication que partage la CGPME : « Nous aimerions aussi avoir confirmation que la souplesse, dont ont fait preuve en 2009 les organismes tels que l'Acoss ou l'Unedic à l'égard des entreprises en difficulté, est maintenue en 2010 », précise Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, le secrétaire général de la CGPME.Reste à savoir si cette belle unanimité tiendra jusqu'au 15 février. Le lancement officieux des discussions sur les retraites risque, en effet, de créer des lignes de fracture irréparables? n
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