C'est face à l'euro que le dollar s'est le plus nettement redressé.La montée en puissance de la Chine se confirme jour après jour. L'empire du Milieu a détrôné l'Allemagne en lui ravissant la place de premier exportateur mondial. Il détient de très loin les plus importantes réserves de change du monde, qui se sont encore gonflées de 23 % l'an dernier pour frôler les 2.400 milliards de dollars (2.399,2 pour être précis) fin décembre, a-t-on appris vendredi. Et la République populaire a désormais le pouvoir d'influer directement sur le cours du dollar, sur lequel elle ne pesait que marginalement lors de ses campagnes en vue d'une diversification de ses avoirs de change ou de sa croisade de l'an dernier pour mettre un terme au rôle de monnaie de référence mondiale du billet vert. Le dollar a nettement rebondi en fin de semaine, reconquérant le terrain perdu après les jours de flottement qui ont suivi la publication des statistiques décevantes de l'emploi aux États-Unis en décembre, publiés une semaine auparavant. En raison essentiellement d'informations en provenance de? Chine. Car la crainte d'un ralentissement de la croissance à près de deux chiffres de l'économie chinoise, désormais troisième puissance mondiale, a renforcé la fuite vers la qualité et la sécurité que représente encore le billet vert. Elle est étayée par les mesures prises la semaine dernière par Pékin pour tenter de contrôler la surchauffe économique créée par la pléthore de liquidités, qui laisse redouter la formation de bulles incontrôlables.Pour la première fois depuis un an et demi, la Banque Populaire de Chine a annoncé une augmentation ? de 15,5 % à 16 % ? du coefficient de réserves obligatoires des banques. Elle a également procédé à une hausse des taux des bons du Trésor à un an. Si ces mesures ne sont pas suffisantes pour contrôler l'envolée des crédits accordés par les banques, qui ont littéralement explosé l'an dernier pour totaliser 959 milliards de yuans (141 milliards de dollars), d'autres pourraient suivre et brider l'essor économique chinois. C'est cette analyse qui sous-tend le raisonnement des acheteurs de dollars qui ont fait leur retour sur le marché à la veille du week-end. Elle est révélatrice du poids pris par la Chine sur la scène internationale.C'est face à l'euro que le dollar s'est le plus nettement redressé, remontant d'un point bas d'un mois à 1,4580 à 1,4360. Lequel euro a vu son parcours entravé par les doutes sur la solidité de l'édifice vieux de onze ans que constitue la zone euro, formée de seize entités nationales parfaitement hétéroclites, dont la Grèce représente le talon d'Achille. Jean-Claude Trichet s'en est ému jeudi, lors de la conférence de presse donnée à l'issue du premier conseil de la Banque centrale européenne de 2010. Tout comme la chancelière allemande, Angela Merkel, qui prédit que « l'euro traversera dans les prochaines années une phase très difficile » en raison de la montée des déficits publics en Europe.

latribune.fr

17 Jan 2010, 23:48

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