Le CEA accélère son programme pour un réacteur de quatrième génération

Le budget supplémentaire alloué dans le cadre du grand emprunt nous permet de passer à la vitesse supérieure dans notre programme de développement d'un réacteur de quatrième génération », affirme Christophe Béhar, directeur de l'énergie nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique (CEA). « La France devrait être, au coude à coude avec le Japon, la première au monde à disposer d'un prototype industriel de cette nouvelle génération de réacteurs, dès 2020 », ajoute-t-il.L'emprunt national, en cours d'examen par le Parlement, prévoit d'allouer 1 milliard d'euros à la recherche dans le nucléaire civil, dont 660 millions sont destinés, sur la période 2010-2017, au programme de développement d'un réacteur de 4e génération. « C'est un vrai coup d'accélérateur », s'enthousiasme Christophe Béhar. Entre 2006 et 2009, ce programme a disposé d'un budget de 51,5 millions d'euros, soit un peu moins de 13 millions par an.« Nous allons faire converger, au sein de ce programme, les actions des différents acteurs français du nucléaire, Areva, EDF et GDF Suez », annonce le responsable. « Nous avons besoin de toutes les compétences de l'équipe française en matière d'ingénierie, de construction et d'exploitation nucléaire », ajoute-t-il. Les modalités de cette collaboration, qui se traduira essentiellement par des renforts en ingénieurs, seront définies dans le courant 2010.Pour développer cette prochaine génération, la France travaille, depuis le début des années 2000 et dans le cadre du programme de recherche international Forum Generation IV, sur deux technologies parmi les six retenues. Elle fait porter 20 % de ses efforts sur les réacteurs à neutrons rapides refroidis au gaz. Et se consacre donc très majoritairement à la filière héritée de Phénix (1973-2003) et Superphénix (1986-1998), les réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium. Laissant de côté la surgénération, qui permet à ces réacteurs de produire plus de plutonium qu'ils n'en consomment, le CEA met en avant leur capacité à « multirecycler le plutonium ». « La surgénération est seulement un des modes de fonctionnement possibles », précise Christophe Béhar. Cette technologie permet en outre de brûler les actinides mineurs, la fraction de déchets nucléaires radioactive pendant des milliers d'années, et elle est plus économe en uranium naturel, avec un rendement de « 60 % à 80 % contre 0,6 % pour la technologie actuelle ».Tête de série industriellePour être en mesure de lancer en 2017 la construction d'un prototype industriel de 600 mégawatts (MW), baptisé Astrid, le CEA prévoit de remettre au gouvernement en 2012 un « dossier d'orientation », incluant de premières évaluations de budget et un planning. Si l'État décide de poursuivre dans cette voie, l'avant-projet sommaire sera remis fin 2014, l'avant-projet détaillé fin 2017 qui permettra, lui, de décider de la construction d'Astrid pour une mise en service en 2020. Une tête de série industrielle pourrait alors être lancée en 2030 pour être opérationnelle en 2040. « À la fin du siècle, la quatrième génération ne représentera que 20 % des réacteurs de la planète », tempère Christophe Béhar.
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