Medef  :  industrie contre services

C'est ce que l'on appelle une prise de judo. Deux ans et demi après les révélations sur la caisse noire de l'UIMM (sur l'usage de laquelle, du reste, la justice n'a guère progressé), l'ancien « Comité des Forges » reprend la place qui a toujours été la sienne, la première. Hier vouée aux gémonies, ses dirigeants vilipendés, l'organisation patronale de la métallurgie renaît tel le Phénix immaculé des cendres d'une « affaire » qui a éclaboussé tout le patronat. Elle en a profité pour revoir sa gouvernance et s'afficher sous les vertus de la transparence, sans renoncer en rien au trésor de guerre de quelque 600 millions d'euros que d'aucuns auraient bien voulu voir redistribuer dans des oeuvres sociales, plutôt que de les voir servir à la « fluidité des relations sociales » selon le joli mot de Denis Gautier-Sauvagnac. La convention annuelle de l'UIMM invite aujourd'hui à redessiner « un rôle pour le patronat demain » : voilà qui en dit long sur la violence des règlements de comptes qui agitent en coulisse le Medef et les fédérations professionnelles, notamment sur la qualité du service rendu par l'avenue Bosquet. « Medef ? On dirait un pneu qui se dégonfle », avait dit François Michelin lorsque Ernest-Antoine Seillière lui avait présenté le nouveau nom pour le CNPF. Plus que jamais, en ces temps de crise, la question de la légitimité, de l'utilité et de la représentativité du patronat se pose. Laurence Parisot le sait. Elle a senti le vent tourner et rétabli l'UIMM dans ses mandats, ce qui sera utile au moment où Nicolas Sarkozy met l'industrie au premier rang des priorités nationales mais peine à définir un cap nouveau pour les réformes. La présidente du Medef est désormais condamnée à vivre sinon sous tutelle, du moins sous la haute surveillance de ses pairs. C'est peut-être ce qui la sauvera de ceux qui voudraient bien sa place, mais pas forcément maintenant. Son second mandat, si elle est réélue en juillet, ne ressemblera en rien au premier. Élue en 2005 par les services contre l'industrie, elle va devoir consacrer désormais son énergie, qui est grande, à tenir ensemble les deux bouts de la ficelle. [email protected] mabille
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