Le seul grand pays à pouvoir manipuler sa monnaie

La Chine est le seul pays, du moins parmi ceux qui prétendent jouer dans la cours des grands, à pouvoir manipuler le cours de sa monnaie. Pour une raison simple : le renminbi-yuan n'est pas une monnaie convertible. Il ne figure pas dans les portefeuilles des spéculateurs. Il ne fait pas l'objet de transactions sur le marché des changes, n'entre pas dans la composition des réserves des banques centrales, n'est pas utilisé pour la facturation des échanges internationaux. Enfin, il n'est pas un véhicule d'emprunts sur les marchés obligataires internationaux. Il suffit à la Chine, pour empêcher sa monnaie de s'apprécier face au dollar, d'acheter des billets verts. Et elle en a amassé des tombereaux, surtout depuis le rétablissement officieux du lien fixe avec le dollar à l'été 2008. Qu'on en juge : ses réserves de change, de très loin les plus importantes du monde, sont passées au cours de cette période de 1.800 milliards à 2.399 milliards de dollars. Livré au libre jeu des forces du marché, le yuan se revaloriserait de 30 %, 40 %, voire 50 %, au lieu d'être tenu à un cours immuable de 6,82 pour un dollar depuis juillet 2008, après une phase d'appréciation en pente douce. Au cours des trois années précédentes, Pékin l'avait laissé gagner plus de 20 % face au dollar, mais au rythme choisi par les autorités chinoises.Les grands partenaires de la Chine n'ont, eux, qu'un pouvoir d'influence très limité sur leurs monnaies, qui dépasse rarement le stade de l'inflexion de la psychologie des marchés, lorsque le dollar, l'euro, le yen ou la livre ont été survendus ou surachetés. Le G7 en a si souvent fait les frais par le passé en tentant d'orienter les parités de change, avec, entre autres, les célèbres accords du Plaza de 1985 destinés à accompagner la baisse du dollar, ou du Louvre de 1987 pour le stabiliser, que depuis 2001 il a même renoncé aux interventions concertées. C'est le marché des changes qui dicte sa loi.faire le gros dosA la Chine qui inaugurait il y a tout juste un an une croisade antidollar visant à le déboulonner de son piédestal de monnaie de référence internationale, les États-Unis répliquent désormais avec acrimonie. D'autant que Pékin n'a rien à proposer en échange et surtout pas une accélération de la convertibilité du yuan. Là où l'on parlait jadis de sous-évaluation du yuan, on lance aujourd'hui l'anathème en accusant la Chine de manipulation du cours du yuan. Mais Pékin n'a pas l'intention de se laisser intimider. Plus les pressions à son encontre se multiplient, plus la Chine risque de faire le gros dos. Or le credo de Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, se résume à la formule utilisée en décembre et réitérée maintes fois depuis : « Nous ne céderons à aucune pression visant à nous contraindre à une appréciation du yuan ». À bon entendeur. Isabelle Croizard
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