Areva et EDF peinent à trouver un accord sur l'enrichissement d'uranium

Alors que la mission Roussely planche sur les relations entre les différents acteurs du nucléaire français, ses deux champions, Areva et EDF, n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord sur leur contrat d'enrichissement d'uranium. Sommés fin janvier par François Fillon de régler avant le 4 février cette question, qui met sur la sellette l'usine Eurodif d'Areva au Tricastin (Drôme) à partir de 2011, les discussions des deux groupes « sont au point mort », selon nos informations. Interrogées, les deux entreprises se contentent d'affirmer que les « négociations sont en cours ». EDF et Areva ont pourtant réussi à s'entendre, le 5 février, sur leur autre point de friction qui concernait leur contrat de retraitement du combustible usé à La Hague. Un contrat d'un montant de près de 1 milliard d'euros. Mais, concernant Eurodif, EDF peine à revenir sur sa décision de faire appel à d'autres fournisseurs, comme le russe Tenex et l'européen Urenco, pour enrichir son uranium en 2011 et 2012, avant l'entrée en service de la nouvelle usine Georges Besse II, actuellement en construction. Si l'électricien ne change pas de position, l'usine Eurodif devra fermer dès la fin 2010, soit deux ans avant la date prévue pour la fin d'activité début 2013. Quelque 500 emplois sont en jeu, fait valoir Areva. Salariés et syndicats, très inquiets, brandissent la menace d'un plan social et multiplient leurs interventions auprès des patrons des deux groupes et des pouvoirs publics.EDF reste très ferme dans ces discussions malgré l'injonction du Premier ministre, fin janvier, de « poursuivre son approvisionnement » auprès d'Eurodif. La perspective de récupérer le plus vite possible l'électricité produite par les deux tranches de la centrale nucléaire du Tricastin (sur un total de quatre) qui sont spécialement dédiées à l'alimentation d'Eurodif, doit contribuer à cette fermeté. Par ailleurs, l'objectif du nouveau patron d'EDF, Henri Proglio, d'améliorer la rentabilité opérationnelle du groupe doit inciter l'électricien à faire jouer plus que jamais la concurrence entre ses fournisseurs. volonté de diversificationLe groupe s'emploie déjà depuis des années à diminuer ses échanges commerciaux avec Areva. Dans l'enrichissement, les services d'Areva sont passés de 90 % des besoins d'EDF en 2005 à 60 % en 2009 et ils devraient tomber à 20 % en 2015 selon les dispositions actuelles. De même, l'uranium brûlé par EDF dans ses réacteurs provenait à 50 % de chez Areva en 2009, contre 80 % en 2005. Et cette part devrait passer à 20 % en 2015, calcule-t-on au sein d'Areva. Le groupe dirigé par Anne Lauvergeon estime que cette volonté de diversification chez son principal client l'empêche d'investir dans certaines installations industrielles. Ainsi, pour ré-enrichir l'uranium « usé », afin de le réutiliser ? cet uranium est aujourd'hui stocké à ciel ouvert en Russie ?, il faudrait construire une unité de conversion qui coûte de 500 millions à 600 millions d'euros. « Nos clients japonais sont intéressés, mais EDF refuse », indique-t-on chez Areva. Pas étonnant que la patronne du groupe nucléaire appelle de ses voeux « une refondation de son partenariat avec EDF ».
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