Bertrand de Montesquiou, président de Guyenne & Gascogne, est dans l'embarras. L'introduction en Bourse de 25 % du capital de Carrefour Property, foncière européenne de Carrefour, ébranlera la rentabilité de Centro Comerciales Carrefour, filiale espagnole du distributeur dont Guyenne & Gascogne détient indirectement 8,2%. « Nous n'avons pas d'informations précises sur l'opération. Centro Commerciales Carrefour apporterait ses murs d'hypermarchés à Carrefour Property et recevrait en échange des titres. Mais on ne connaît ni les valeurs d'apport, ni le montant des loyers », a reconnu jeudi Bertrand de Montesquiou, en présentant les résultats annuels du groupe de Bayonne. Or, la filiale espagnole de Carrefour pèse très lourd dans les comptes de Guyenne et Gascogne. Elle génère 8,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires hors taxes, via notamment 171 hypermarchés. Sa marge opérationnelle s'établit à 4,98 % en 2010, soit un niveau « très satisfaisant », observe Marc Leguillette. secrétaire général. « Guyenne & Gascogne en tire près d'un tiers de son résultat net », calcule Pierre-Edouard Boudot, analyste chez Natixis. Dès lors, le groupe s'inquiète des loyers que les hypermarchés espagnols désormais paieront à Carrefour Property. Ils grèveront leur rentabilité. « Cela fait un trou dans le résultat opérationnel de la société exploitante. Nous en sommes bien conscients », reconnaît Marc Leguillette. Et pour l'heure, personne ne sait rien de l'ampleur de ce « trou ». « Guyenne & Gascogne semble être gêné par le principe même de payer des loyers », ajoute Pierre-Edouard Boudot.À la va-viteLe groupe exprime ainsi ses craintes face au projet financier monté par Colony Capital et Groupe Arnault, actionnaires qui détiennent 20 % des droits de vote de Carrefour. Il met aussi en lumière une préparation à la va-vite de cette opération qui, dans trois mois, doit être approuvée en assemblée générale extraordinaire. « Et ce aux deux-tiers des votes exprimés », rappelle un analyste financier. Juliette Garnie
La scission de Carrefour Property inquiète un franchisé
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