La filière envisage d'attaquer en justice le moratoire d'Angela Merkel

Jeudi, la « Süddeutsche Zeitung » a révélé que le numéro un allemand de l'électricité E.ON avait « évoqué » le dépôt d'une plainte pour contester les deux décisions d'Angela Merkel : le moratoire sur l'allongement de la durée de vie des centrales nucléaires allemandes et l'arrêt temporaire des sept plus anciennes centrales du pays. Le quotidien munichois ajoutait que les autres groupes exploitant des centrales nucléaires outre-Rhin, comme RWE ou le suédois Vattenfall « réfléchissaient » à cette option. L'option d'une plainte a également été évoquée ce jeudi par Ralf Güldner, président du Deutsche Atomforum, principal lobby pronucléaire allemand, qui est également membre de la direction d'E.ON Energie nucléaire.Pour E.ON, la décision de Berlin est une mauvaise nouvelle : deux de ses centrales sont concernées par la décision de Berlin. Jeudi, une note de Standard & Poor's précisait, du reste, que les groupes allemands « seront les opérateurs européens les plus touchés par les conséquences de la crise nucléaire au Japon », avec « un impact légèrement négatif » en 2011 sur leurs marges en raison de la nécessité d'avoir recours à des sources d'électricité plus coûteuses. Mais, plus généralement, il y va de la sécurité de l'environnement juridique autour du nucléaire allemand.Angela Merkel semblait leur avoir assuré cette sécurité, en gravant dans le marbre de la loi le prolongement de la durée de vie des centrales. Et voici que cette même chancelière décide quelques mois plus tard de suspendre cette loi ! Pour justifier sa décision rapide, la chancelière s'est appuyée jeudi matin au Bundestag, sur l'article 19-3 de la loi sur le nucléaire de 1980 qui autorise les autorités à exiger la suspension du fonctionnement d'un réacteur pour des raisons de sécurité.Un argument qui ne convainc pas les juristes lesquels jugent que cet article concerne un danger immédiat pour la centrale. Ils estiment donc que la décision gouvernementale doit donc passer par une nouvelle législation. Certes, E.ON a officiellement jugé que la « question juridique était secondaire » actuellement et qu'il ne souhaitait pas « entrer dans une confrontation » avec le gouvernement. Mais c'est une épée de Damoclès pour la chancelière qui est dos au mur. Le chef de l'opposition, Sigmar Gabriel, l'a en effet accusé jeudi d'avoir « personnellement bradé la sécurité contre de l'argent », autrement dit contre l'impôt sur « le combustible nucléaire » qui doit rapporter 2,3 milliards d'euros au budget fédéral. Tout pas vers les groupes énergétiques pourrait donc désormais paraître suspect. Romaric Godin, à Francfort
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