La réponse de Bruxelles à Chypre, une rustine sur un trou béant

Nicosie a adressé le 9 avril dernier une lettre pour demander une aide supplémentaire à Bruxelles afin de soulager Chypre dans la crise qu\'elle traverse. Ce mardi, le président de la Commission Jose Manuel Barroso a dit qu\'il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour aider l\'île mais a fait état des marges de manœuvre réduites qu\'a Bruxelles pour accéder à sa demande. Cette aide n\'a rien à voir avec celle accordée dans le cadre du plan de sauvetage des banques accordé par la troïka (FMI et union européenne) et les partenaires européens. Elle concerne plutôt les fonds structurels européens, qui servent à cofinancer des projets de développement économique dans les régions à la traine de l\'Union européenne.Une goutte d\'eau dans un océanPour la période actuelle, c\'est-à-dire celle couverte par le budget européen 2007-2013, la difficulté provient du fait que la majeure partie des fonds structurels alloués à Chypre a déjà été dépensée. De petites possibilités pour donner un peu d\'air existent toutefois.La Commission pourra ainsi augmenter légèrement le préfinancement des projets cofinancés. Ce, dés lors que Chypre sera considérée comme un pays sous programme d\'aide, ce qui sera le cas dés l\'entrée en vigueur de l\'accord sur le plan de sauvetage financier de l\'île décidé par la troïka. De quoi récupérer quelques liquidités supplémentaires.L\'autre piste évoquée est celle de la répartition du financement des projets entre État et Commission. Actuellement, Chypre doit financer 15% de la valeur d\'un projet. L\'île pourrait désormais voir sa part dans le cofinancement réduite à 5%. En tout, l\'île pourrait ainsi économiser 22 millions d\'euros d\'ici à la fin 2013, selon nos informations.Jose Manuel Barroso a par ailleurs proposé à Chypre d\'examiner la possibilité pour l\'île de bénéficier du fonds pour l\'emploi des jeunes qui est en train d\'être mis en place au niveau européen. Avec un taux de chômage des jeunes à 27,8%, selon les données provisoires, le pays pourrait en effet y être admissible.Une goutte d\'eau, toutefois, face aux 13 milliards d\'euros que doit trouver Nicosie pour sauver son système bancaire et bénéficier de l\'aide de 10 milliards d\'euros accordée par la troïka. Alors qu\'elle est déjà considérée comme insuffisante quelques semaines à peine après avoir été validée.Le Conseil européen et le parlement ont le pouvoir, pas la CommissionEt la situation pourrait se compliquer dés 2014. En effet, les États-membres, sous la houlette de Londres et de Berlin, ont décidé d\'un budget européen d\'austérité pour la période 2014-2020.Difficile, donc, d\'allouer des aides supplémentaires à Chypre via les fonds structurels européens, car ce levier dépend entièrement du budget accordé à Bruxelles par les États-membres et le parlement européen. Et \"si l\'on veut augmenter la part allouée à Chypre, on ne peut pas le faire sans le parlement et les États-membres\", explique Shirin Wheeler, porte parole de la Commission à la Politique régionale.Ainsi Jose Manuel Barroso a-t-il précisé qu\'il soutiendrait l\'île dans ces négociations, avec les marges de manœuvre qu\'il a, c\'est-à-dire très peu. C\'est donc principalement au Conseil européen, Berlin et Londres en tête, et au Parlement, de se saisir de la question. En ce qui concerne le Conseil européen, l\'espoir est mince.Un mérite, permettre à Chypre de continuer à bénéficier des fonds structurelsCes réaménagements dans l\'allocation des fonds structurels par la Commission ont surtout pour mérite de permettre à Chypre de continuer à profiter des fonds structurels européens en réduisant sa part dans le cofinancement. \"Cela permet de s\'assurer que le maximum des fonds est utilisé et que la crise n\'est pas un obstacle à leur utilisation\", explique Shirin Wheeler.Car dans la période de restriction budgétaire que l\'île traverse, le risque est que le gouvernement se trouve dans l\'incapacité de financer sa part des projets et qu\'il n\'y mette fin. Ce qui serait totalement improductif, alors que Nicosie doit trouver de nouveaux leviers de croissance après le coup porté à son système bancaire.
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