À voir en Bourgogne

C'est l'été clunisien par excellence. Celui où l'on fête le 1100e anniversaire de la fondation de l'abbaye de Cluny par Guillaume Ier d'Aquitaine et sa femme Ingelberge. En 910, dans l'empire carolingien déliquescent, une puissance religieuse, politique et économique sans précédent naît du don fait aux apôtres Pierre et Paul d'un domaine situé dans les vertes collines du Mâconnais, sur l'ancienne voie romaine allant de Lyon à Autun. Deux siècles pus tard, les abbés de Cluny parlent d'égal à égal avec les papes, les empereurs et les rois. Le réseau clunysien, comme on dirait aujourd'hui, compte des centaines de monastères à travers l'Europe. La plus vaste église de la chrétienté, une merveille romane, dresse sa silhouette de géant au milieu d'une ville créée de toutes pièces pour la construire et la servir.De cette « Maior ecclesia », il ne reste que le clocher droit et une partie du transept. À partir de la Révolution, elle a été abandonnée, puis systématiquement démontée et vendue pierre par pierre. « Longtemps, la France a voulu oublier Cluny parce qu'elle l'avait détruite », résume François-Xavier Verger, administrateur du site qui appartient désormais au Centre des monuments nationaux (CMN). Mais aujourd'hui, la Grande église tient sa revanche. Des travaux de restauration de 23 millions d'euros, un nouveau parcours de visite et une exposition de prestige rendent le plus bel hommage au monument mutilé. La ville de Cluny n'est pas en reste : elle met en scène ses trésors lapidaires dans la belle exposition « Des pierres et des hommes ». Mais ce sont les nouvelles technologies qui apportent la nouveauté la plus stupéfiante. Tout simplement, elles reconstruisent l'abbatiale avec un réalisme confondant. Montez à la tour des Fromages et orientez le grand écran qui s'y trouve : l'église est là, complète, entourée de la vie d'aujourd'hui. Même jeu à l'intérieur de l'église : ce pilier existe bien, mais vous voyez tous les autres, les absents, presque à les toucher. Un film en 3D complète cette visite de la sublime disparue.Sophie Gherard
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