Tractations européennes en vue du G20

Un G20 pour rien ? Les grandes puissances qui se retrouvent à Pittsburgh, en Pensylvanie, les 24 et 25 septembre s'accordent sur l'idée que la reprise est encore trop fragile pour réduire les plans de relance. Mais les positions défendues par l'Union européenne et les États-Unis sur la question du plafonnement des bonus ou des fonds propres des banques sont si éloignées qu'elles semblent condamnées le G20 de Pittsburgh à un échec cuisant.Le Premier ministre suédois, Frederik Reinfeldt, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, a de nouveau exigé hier, en préalable à une réunion des dirigeants européens à Bruxelles pour définir une position commune en vue du G20, « un plafonnement » des bonus bancaire. Une possibilité à laquelle s'est, une nouvelle fois, fermement opposée hier la Maison-Blanche. Si les positions semblent aujourd'hui irréconciliables, un accord reste possible à Pittsburgh.Sur la question des bonus, les Européens ont déjà accepté de mettre de l'eau dans leur vin. La France n'en fait plus un casus belli. « Nous ne sommes pas bornés au point de vouloir un chiffre », a expliqué hier la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, dans le « Wall Street Journal ».Sur la question des fonds propres, qui donne de l'urticaire aux banques européennes, un accord semble également se dessiner. Les objectifs très élevés poussés par Washington « auraient évidemment un impact en termes de volumes et de crédit et de coût du crédit », met en garde le président de la Fédération bancaire française, Baudouin Prot.À l'Élysée, on indique que Washington serait en fait disposé à appliquer des ratios de fonds propres différents en fonction de la nature plus ou moins risqués des activités bancaires. Les besoins en fonds propres d'une banque d'investissement, à l'instar de feu Lehman Brothers ne sont évidemment pas les mêmes que ceux d'une banque de détail faisant du crédit aux particuliers.Même si l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche a fait bouger les lignes, les différences de cultures économiques de part et d'autre de l'océan Atlantique demeurent. Le Vieux Continent s'efforce donc depuis le début de la crise de parler d'une seule voix.campagne de lobbying« Quand la France veut et que l'Europe peut, on a un vrai multiplicateur de puissance », constate Pierre Lellouche, le secrétaire d'État aux Affaires européennes. Depuis le début de la crise, l'Union européenne a joué, sous l'impulsion de Paris, un rôle « pionnier » dans le cadre du G20. Résolu à faire « bouger le monde », Nicolas Sarkozy a obtenu, dès la fin août, des banques françaises qu'elles modifient les règles du jeu concernant les bonus. Il a alors entrepris une campagne de lobbying auprès de ses partenaires européens.Mise sous pression par la gauche à quelques jours des élections nationales allemandes, Angela Merkel a, d'abord timidement puis pleinement, soutenu l'initiative française. Nicolas Sarkozy s'est rendu la semaine suivante à Berlin pour appeler avec la chancelière à ce que « les choses changent » en matière de régulation et de rémunérations. Mais cette « entente franco-allemande n'a rien d'exclusif », a immédiatement précisé le Français, en guise d'appel du pied à Gordon Brown. L'effet d'entraînement attendu par l'axe franco-allemand est intervenu dès le 2 septembre à Bruxelles avec le soutien des seize pays de la zone euro. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, assurant « appuyer tout à fait les propositions faites par la France ».
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