La grippe H1N1 affectera surtout les cycliques

Mieux vaut prévenir que guérir. Telle est la philosophie d'Ibra Wane, stratégiste chez Crédit Agricolegricole Asset Management. Alors que la grippe H1N1 prend ses quartiers d'hiver en Amérique du Nord et en Europe, l'expert n'a pas attendu que le gouvernement français déclenche le niveau 6 d'alerte endémique pour élaborer une stratégie d'investissement ad hoc. Car oui, certains secteurs d'activité seront plus affectés que d'autres par une pandémie. Cela, Ibra Wane peut l'affirmer en se référant à l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait sévi en Asie en 2003.De façon générale, les secteurs cycliques, comme les services informatiques, les matériaux de construction et les biens de consommation courante avaient chuté de près de 8 % en moyenne, en Asie, au plus fort de l'épidémie, c'est-à-dire entre les mois de février et d'avril 2003 (voir infographie ci-dessus). Alors que les valeurs défensives, à savoir les groupes de télécommunications, de services aux collectivités et de biens de consommation courante s'étaient en moyenne adjugé quelque 2 % au cours de la même période.situations contrastées« L'épidémie de Sras avait entraîné un recul momentané de la production. Or la sensibilité du chiffre d'affaires à une baisse de la production est par nature plus forte dans les secteurs cycliques que dans les secteurs défensifs, et aboutit donc à une moindre couverture des frais fixes », explique Ibra Wane.Mais l'analyse doit être poussée plus loin encore. Car, au sein même de la catégorie défensive, certaines valeurs résisteront mieux que d'autres à une pandémie. « Les sociétés de services aux collectivités, les groupes de santé se sont bien comportés en Bourse, lors de l'épidémie de Sras, à la différence de la distribution alimentaire, tributaire d'un nombre très élevé d'employés, et donc particulièrement exposée à un fort absentéisme », souligne Ibra Wane. Idem dans les technologies de l'information : l'industrie des semi-conducteurs et les sociétés de services informatiques (SSII) ne seront pas logées à la même enseigne, en cas de pandémie. En effet, dans les usines qui produisent des semi-conducteurs, la densité de personnel est très faible, et ce type de locaux, grippe H1N1 ou pas, bénéficie d'un luxe de précautions hygiéniques. Rien à voir avec les SSII, dont les « open spaces » grouillent de collaborateurs, formant ainsi un terreau idéal à la propagation des virus. Or le H1N1, à la différence d'une grippe ordinaire, est très contagieux.Si les stratégistes de marché prennent au sérieux la menace de la grippe H1N1, c'est parce que cette dernière arrive alors que les signes de reprise de l'économie mondiale demeurent bien fragiles. Pour recouvrer la santé, les entreprises ont besoin de tout, sauf de salariés cloués au fond de leur lit. n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.