« Les acteurs français ont bien résisté à la crise »

Christophe Tadié et Fabrice Franzen, associés au sein du pôle services financiers de Bain & CompanyLa crise a rebattu les cartes entre les grands acteurs français. BNP Paribas, notamment, a considérablement renforcé sa position...C. T. : BNP Paribas a largement profité de l'intégration de Fortis et de BGL. Aujourd'hui, la banque couvre une grosse partie du Vieux Continent. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'elle fait partie des leaders européens du marché. Devant elle, figurent certes UBS, Credit Suisse et HSBC, mais une grande partie des encours de cette dernière est localisée hors du continent.F. F. : Les autres acteurs français ont également bien résisté à la crise. Société Généralecute; Générale continue à bénéficier d'une forte activité en Asie et Crédit Agricolegricole s'appuie sur sa présence en Europe, avec des actifs en France mais aussi en Suisse, au Luxembourg et à Monaco, via le Crédit Foncier de Monaco Monaco.Leur modèle économique a-t-il évolué ?C. T. : En France, le réseau d'agences des banques de détail continue de jouer un rôle majeur dans le dispositif de gestion privée des grands groupes bancaires. Près de 40 % des encours en gestion privée sont ainsi gérés par les réseaux en France. Pour la clientèle « affluent » [entre 150.000 et 500.000 euros, Ndlr], cette proportion atteint même 71 %. Bien entendu, plus les clients s'enrichissent, plus ils s'orientent vers des structures de banque privée dédiée.Historiquement, ce poids important des agences s'observe surtout chez les mutualistes, comme BPCE, qui disposent d'un réseau plus dense que BNP Paribas ou Société Généralecute; Générale. Peu à peu, certains mutualistes ont développé leurs marques propres de banque privée. C'est notamment le cas de Crédit Agricolegricole avec le label CA Banque Privée et la BGPI. BPCE suit cette voie en développant Banque Privée 1818. Pour ces établissements se pose aujourd'hui la question du positionnement de leur banque privée face à leur réseau national.Les grandes banques françaises partagent le marché avec des indépendants, comme les CGPI. Ces derniers ont-ils souffert de la crise ?F. F. : Aujourd'hui, les acteurs indépendants français sont confrontés à une équation difficile à résoudre. Ils subissent l'effet conjugué de la pression réglementaire croissante, qui engendre de nouvelles charges, et de la baisse de leurs encours, qui a diminué leur rentabilité.Quant aux conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI), ils continuent de croître rapidement, jouant la carte du conseil indépendant. Toutefois, ils ne parviennent à capter qu'une faible part de la très riche clientèle.Les banques privées étrangères implantées en France ont-elles tiré leur épingle du jeu ?C. T. : D'abord, rappelons que ces établissements ont longtemps souffert d'une taille trop faible. Ce handicap les a incités à se développer soit par croissance organique, comme UBS, soit par le biais d'acquisitions, comme Barclays. Cette stratégie s'est révélée coûteuse et, pour certains, elle n'a pas été payante. Toutefois, la tendance lourde de rapatriement de capitaux en France pourrait leur bénéficier.Propos recueillis par A. M.
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