Le partenariat public-privé au service des infrastructures

La genèse du projet Herkules date des années 1990, lorsque l'armée allemande s'aperçoit qu'elle ne peut pas poursuivre toute seule ses investissements en technologies de l'information, notamment pour la partie civile. Elle décide alors de lancer un appel d'offres pour trouver des moyens d'améliorer et de transformer ses infrastructures. Le projet Herkules est ainsi mis en oeuvre. Avec une condition sine qua non : il ne doit surtout pas mentionner le mot « externalisation »...De quoi s'agit-il ? « Herkules doit créer une structure indépendante, moderniser 140.000 postes de travail, fournir un système de communication moderne voix et données, plus 300.000 nouveaux téléphones, et mettre en place un help desk centralisé, détaille Ewald Glass, directeur général de BWI, la structure spéciale dédiée à cette opération. Il doit aussi fournir un système d'information standard basé sur le progiciel de SAP pour 45.000 utilisateurs et transformer les vieux centres de données. » Parallèlement, le volet ressources humaines prévoit le transfert de personnels à BWI, mais ces derniers ont le choix de retourner, s'ils le souhaitent, dans le giron de l'armée allemande. Après audit, le montant du projet est fixé à 7,1 milliards d'euros sur dix ans. Par la suite, le montant des investissements diminue et le contrat devient sans doute plus rentable. Il faut noter que les gains liés à l'évolution technologique sont compris dans le prix.Trois ans après avoir remporté le projet, IBM et Siemens peuvent sans doute se targuer d'avoir fait une bonne partie du chemin, mais cela n'a pas été de tout repos. Le help desk fonctionne, le centre de contrôle de l'infrastructure aussi, certains réseaux spécifiques ont pu être intégrés et le déploiement du progiciel de SAP est en bonne voie. Il reste encore à compléter la mise à niveau technique des 1.400 immeubles et campus de l'armée allemande, à remplacer plusieurs dizaines de milliers de PC et protéger des réseaux étendus.Héritage de l'OtanLa transformation est un travail de longue haleine. Et qui n'est pas sans mauvaises surprises, notamment avec l'état des réseaux locaux des 1.400 centres de l'armée allemande. Important, ce dispositif est un héritage de l'Otan. « Certains réseaux étaient en excellent état de marche, note Ewald Glass. D'autres étaient totalement dépassés sur le plan technique. » Il a fallu mettre à niveau 580 réseaux locaux. Compte tenu de la spécificité du contrat, cet aspect de la transformation n'a pas pu être audité à l'avance mais seulement estimé. Le contrat initial évoque un coût d'environ 205 millions d'euros. Depuis, l'étude de la mise à niveau a fait apparaître un coût réel compris entre 800 millions et 1 milliard d'euros. En faisant d'autres choix techniques et en développant de nouveaux concepts, la facture finale a pu être ramenée à 500 millions d'euros.Via la relance de l'économie allemande, le projet a pu récupérer 100 millions d'euros. Reste à trouver le solde, éventuellement en freinant sur d'autres investissements. Cette mise à niveau technique est cruciale pour tenir le projet dans les temps, notamment le remplacement des anciens PC. Plusieurs PME sous-traitantes en ont déjà profité, notamment pour la pose de nouveaux câbles.Pascal Boulard
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