Chronique de la City : Le grand soir n'est pas pour demain

Vous souvenez vous ? « J'appelle à ce que les banques de détail arrêtent de payer des bonus en cash. Point final. Et cela inclut aussi leur branche banque d'investissement. » C'était en octobre dernier, et George Osborne, désormais chancelier de l'Echiquier, appelait à interdire le paiement des bonus en espèces sonnantes et trébuchantes.Et aussi ? « Je veux une réforme fondamentale des banques britanniques. Cela signifie des changements fondamentaux pour la City. » Ainsi parlait Nick Clegg, désormais vice-premier ministre, il y a deux mois. Il ajoutait une proposition choc : les bonus au-delà de 2500 livres (3000 euros) ne pourraient pas être payés en cash.Modération sur les bonusComme le pouvoir a le don d'adoucir les moeurs ! Depuis qu'ils sont au gouvernement, ces deux hommes ont nettement atténué leurs propos. George Osborne, dans son premier discours de Mansion House mercredi soir (le discours annuel du chancelier face à la City) a tout juste évoqué les bonus, au détour d'une phrase. Il demande « plus de modération sur les salaires et les bonus ». Et il conclut : « en résolvant les débats (réglementaires) qui concernent votre industrie, je veux vous libérer pour que vous puissiez concentrer votre énergie sur la construction de votre entreprise, pour remporter de nouveaux clients et aider à la prospérité de notre pays. » Pas vraiment un appel à la révolution.Réforme de la financeSoyons honnête : le nouveau gouvernement a des plans sérieux concernant la réforme de la finance. L'annonce cette semaine de la suppression de la FSA, l'actuel régulateur, pour transmettre ses pouvoirs à la banque d'Angleterre, est très importante. En matière d'architecture réglementaire, il s'agit du changement le plus important depuis 13 ans, lorsque les travaillistes avaient créé la FSA. L'introduction d'une taxe sur les banques, confirméen, sans aucun détail, dans le discours de Mansion House, pourrait également être importante.Défendre la CityReste que le ton a changé. Les nouveaux ministres, quand ils se déplacent à Bruxelles ou au G20, se battent pour la position traditionnelle britannique et sont là pour défendre la City. S'ils sont certainement favorables à des réformes internationales, ce ne sont pas eux qui les pousseront.La principale preuve en est le projet de scission entre banque de détail et d'investissement. George Osborne avait fait valoir que c'était une idée intéressante, mais qui nécessitait un accord international. Vince Cable, désormais ministre de l'industrie, mais surtout le monsieur économie des libéraux-démocrates, va beaucoup plus loin, affirmant que la question n'est pas de savoir s'il faut séparer les banques, mais quand et comment.Commission d'étudeRésultat : le gouvernement a annoncé la création d'une commission chargée d'étudier le sujet, avec remise de copie... en septembre 2011. S'il avait voulu enterrer le sujet, il ne s'y serait pas pris autrement. Quant au choix des membres de cette commission, il en dit long. Son président est un ancien économiste de la banque d'Angleterre. Deux autres sont des banquiers d'affaires. Un autre est un journaliste du Financial Times qui s'est opposé publiquement à la séparation des banques. Impossible dans ces conditions d'attendre des recommandations très radicales. Le grand soir de la finance n'est pas pour demain.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.