La Bundeswehr victime des économies budgétaires

Régime sec pour la Luftwaffe. Début juillet, la presse allemande a rendu public un rapport remis au ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, qui propose de mettre les forces armées allemandes à la diète en matière de matériel. L'armée de l'air serait particulièrement touchée par un plan qui, au total, vise à économiser 9,3 milliards d'euros.Le rapport préconise en effet de réduire les achats prévus de chasseurs Eurofighter (37 appareils étaient prévus) ainsi que d'avions de transport de troupes A400M pour une quantité non déterminée. La Bundeswehr pourrait aussi n'acheter que 40 hélicoptères de combat Tigre au lieu des 80 jusqu'ici envisagés. Les livraisons d'hélicoptères de transport NH90 seront également réduites. Le rapport demande aussi que l'on renonce au programme de drones Talarion développé par EADS. Mais c'est l'ensemble de la Bundeswehr qui devra se serrer la ceinture. Le document invite aussi à limiter à 280 les achats de chars Puma, au lieu des 400 prévus jusqu'ici, et à n'acheter que trois frégates F125 plutôt que quatre.double peineIl ne s'agit là que de propositions et on insiste à Berlin sur le fait qu'aucune décision n'est prise pour le moment. Mais la Bundeswehr sera néanmoins une des premières victimes de la rigueur. Dans le plan d'économies du gouvernement fédéral, la « réforme des forces armées » doit apporter 4 milliards d'euros de réduction de coûts en 2013 et 2014. À cela s'ajoutera le recul du budget du ministère de la Défense, qui devrait atteindre 8,3 milliards d'euros d'ici à 2014. L'ambition du gouvernement est de constituer une armée plus professionnelle et moins nombreuse. Le service militaire obligatoire sera d'ailleurs réduit de 9 à 6 mois à partir du 1er décembre, tandis que les effectifs devraient, dans les prochaines années, reculer de 40.000 hommes.Ces projets rencontrent cependant de vives oppositions. On craint d'abord les conséquences économiques de la baisse des commandes militaires, notamment chez EADS, qui sera très touché en tant que fabricant des drones Talarion, des avions Eurofighter ou des hélicoptères NH90 ou des A400M. Le ministre-président de Bavière, Horst Seehofer, par ailleurs président de la CSU à laquelle appartient le ministre de la Défense, a critiqué, lors de la visite d'une usine bavaroise d'EADS, la politique de réduction de coûts. Les discussions au sein de la coalition gouvernementale risquent donc d'être vives. D'autant que la réduction des effectifs de la Bundeswehr irrite l'aile droite de l'alliance gouvernementale d'Angela Merkel.Romaric Godin, à Francfort
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