Ils savent tout mais ils ne diront rien

La femme de Jean-Claude l'a abandonné parce qu'elle ne supportait plus ses retours à pas d'heure le soir et ses absences répétées le week-end pour cause de déplacement officiel. Ce sont les risques du métier : garde du corps de ministre, comme Jean-Claude, ce n'est pas une sinécure mais presque un sacerdoce.Après cinq ans passés à protéger des membres du gouvernement de Lionel Jospin puis de Jean-Pierre Raffarin, Jean-Claude a d'ailleurs demandé à quitter le Service de protection des hautes personnalités (SPHP) du ministère de l'Intérieur pour une affectation moins exposée, en province. Sa femme n'est pas revenue pour autant, mais il ne regrette pas cette période de sa vie professionnelle. « Pas possible de vivre plusieurs années dans l'intimité d'un ministre sans partager sa vie privée, mais aussi connaître certains de ses secrets, surtout lorsque vous êtes avec lui en vacances », commente Jean-Claude. Confident, certes, mais aussi parfois un peu indic. Nombre de ministres se méfient en effet de leurs officiers de sécurité, qui dépendent du ministre de l'Intérieur et qui peuvent avoir la tentation de répéter ce qu'ils entendent à leur hiérarchie. « À la fin des années 1990, un ministre, raconte Jean-Claude, a exigé de changer de garde du corps après s'être aperçu que son collègue de l'Intérieur connaissait la teneur d'une conversation passée depuis sa voiture. » En 2007, Ségolène Royal a demandé au syndicat Unsa-Police, catalogué à gauche, de se renseigner sur la « moralité politique » des deux policiers que l'Intérieur voulait mettre à sa disposition durant la campagne présidentielle afin d'éviter d'être espionnée....Officier de sécurité d'un ministre, c'est bien sûr assurer sa protection mais aussi, et peut-être surtout, lui faciliter la vie quotidienne, comme lui ouvrir la porte de sa voiture de fonction, lui tenir son imperméable durant les cérémonies officielles... « Dans le service, on se souvient d'une ancienne ministre qui demandait régulièrement à son garde du corps d'aller lui chercher des collants au Monoprix pour remplacer ceux qu'elle avait filés », confie Jean-Claude. Posséder un ou plusieurs officiers de sécurité, c'est aussi un attribut du pouvoir. Rachida Rati en sait quelque chose. Qu'a fait l'Élysée au printemps pour manifester son mécontentement à l'égard de l'ancienne garde des Sceaux soupçonnée d'avoir véhiculé des informations sur la vie intime du chef de l'État ? Celui-ci lui a fait retirer son garde du corps ! Patrick Coquidé · Demain : Cuisinier à l'Élysée.
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