Berlin durcit le ton sur les critères d'adoption de l'euro

La mansuétude n'est plus de mise pour les pays candidats à l'euro. L'Allemagne a en effet opposé une fin de non-recevoir à la demande de huit pays d'Europe centrale et de la Suède de prendre en compte leurs réformes des retraites dans le jugement sur leur dette, critère pour l'entrée dans la zone euro. Les ministres des Finances polonais, hongrois, tchèque, roumain, slovaque, bulgare, lituanien, letton et suédois ont exigé il y a quelques jours dans une lettre adressée au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et au commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, de prolonger le régime de faveur dont ils bénéficient depuis 2005 pour le calcul de leur dette publique. Ces nouveaux membres de l'Union européenne, à l'exception de la Slovaquie ayant adopté l'euro en janvier 2009, ne remplissent pas encore les critères fixés pour l'adoption de l'euro et s'inquiètent du durcissement de l'application de ces critères à la suite de la crise grecque. Des quatre critères exigés, une bonne situation des finances publiques semble aujourd'hui pour la plupart de ces pays la principale pierre d'achoppement.Mécanisme de sanctionsOr Berlin ne veut plus transiger sur le niveau maximum de dette publique autorisé pour entrer dans la zone euro, soit 60 % du produit intérieur brut (PIB) du pays candidat. En 1998, puis en 2000, le gouvernement allemand, malgré les réticences de sa banque centrale, la Bundesbank, avait accepté politiquement que l'Italie et la Belgique puis la Grèce, accablées par une dette supérieure à leur PIB annuel, fassent partie de l'euro. Echaudée par la réaction négative de sa population face à la crise grecque, la chancelière allemande Angela Merkel insiste pour renforcer le mécanisme de sanctions du Pacte de stabilité européen. « Pour nous, il s'agit de renforcer ce Pacte et non de le diluer, or si l'on faisait ce que proposent ces neuf pays, le Pacte de stabilité ne voudrait plus rien dire », indique à « La Tribune  » une source du gouvernement fédéral allemand. Pourtant, les pays d'Europe centrale et la Suède plaident pour que leur vertu à réaliser des réformes de leur système de retraite ne soit pas sanctionnée à l'avenir. Ils s'appuient sur la nouvelle procédure contre les déficits publics excessifs adoptée par l'UE en juin 2005 exhortant à l'indulgence si un pays a introduit dans son système de retraite « un pilier obligatoire financé par capitalisation, car la mise en oeuvre de telles réformes entraîne une détérioration à court terme de la position budgétaire, alors que la viabilité à long terme des finances publiques est clairement améliorée  ». « Un durcissement des sanctions (...), que nous soutenons fortement, ne peut être envisagé que si cette inéquité et inefficience de l'actuel Pacte de stabilité et de croissance est corrigée », demandent les neuf pays. Du coup, la réunion, le 6 septembre du groupe de travail du président de l'UE pour la réforme du Pacte promet d'être animée.
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