DongFeng au capital de PSA ? L'inconnue GM...

La perspective d\'un approfondissement de la relation entre PSA et DongFeng - déjà associés dans une joint-venture chinoise, qui a inauguré cette année sa troisième usine - est relancée par l\'information publiée par le quotidien Les Echos, selon laquelle le constructeur français aurait mandaté deux grandes banques dans ce sens.Une opération nécessaire pour les deux groupesL\'opération envisagée paraît parfaitement logique, du fait des besoins complémentaires de deux groupes qui sont maintenant de taille comparable.DongFeng, numéro deux chinois de l\'automobile avec 3,070 millions de véhicules vendus en 2012 (dont 440.000 produits en commun avec PSA), est demandeur de technologies pour monter en gamme, notamment sur le créneau des voitures particulières. Solidement implanté sous sa propre marque sur le segment des véhicules commerciaux, le groupe basé à Wuhan (Hubei) reste en effet faible sur celui des berlines, où ses joint-ventures avec des partenaires étrangers (PSA donc, mais aussi Nissan, Kia et Honda, en attendant Renault) comptent toujours pour 90% de ses ventes. Une coopération approfondie avec PSA, qui lui permettrait de passer un cap technologique, présenterait donc un intérêt majeur pour DongFeng.PSA, numéro deux européen avec 2,910 millions de véhicules en 2012, est pour sa part riche en technologies. Mais il a désespérément besoin de financements pour passer un cap conjoncturel européen difficile. Or DongFeng, soutenu par les banques chinoises comme tous les grands « champions » industriels du pays, a un accès privilégié à ces financements devenus rares sur le marché européen.Le facteur GM et le précédent SaabPour autant, les négociations entre les deux groupes ne peuvent être que complexes. La question que la partie chinoise - DongFeng, mais aussi ses autorités de tutelle, dont l\'aval sera nécessaire à toute opération d\'envergure - étudiera avec attention, est dans quelle mesure PSA serait libre de lui transférer quelles technologies. Cette question se pose en effet depuis que le constructeur français a conclu une alliance avec une tierce partie dont la Chine a déjà pu éprouver la stratégie en la matière.L\'américain GM, avec qui PSA s\'est associé en 2012, a en effet été en 2011 le déterminant du refus des autorités chinoises de valider la reprise du suédois Saab - pour laquelle s\'étaient proposés deux constructeurs chinois. Beijing avait en effet alors pressenti, avec justesse, que GM, ancien actionnaire du constructeur suédois, s\'opposerait au transfert de technologies dont il était à ce titre propriétaire.La question que cherchera dès lors à démêler précisément la partie chinoise reste de déterminer quelles technologies seraient susceptibles de voir leur transfert soumis à un veto du groupe américain, au motif qu\'elles sont passées dans son escarcelle dans le cadre de l\'alliance PSA-GM, ou engagées dans des projets de celle-ci.Enjeux de concurrence intra - chinoiseCette question est rendue encore plus sensible, pour DongFeng, par les relations de partenariat et de concurrence sur le marché chinois.L\'américain GM y est en effet associé à SAIC (Shanghai Auto), le premier constructeur chinois, qui ne verrait pas forcément d\'un bon œil son challenger DongFeng bénéficier du transfert de technologies plus avancées que celles qu\'il a lui-même acquises ces dernières années. GM pourrait dès lors se sentir appuyé pour perturber la relation PSA - DongFeng, sans craindre de répercussions fâcheuses sur ses propres positions en Chine.Les négociations entre PSA et DongFeng sont clairement motivées par des intérêts complémentaires ; pour autant, elles sont soumises à des facteurs extérieurs déterminants qui pourraient sérieusement les compliquer...
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