Budget : le match Paris-Berlin

L'équilibre budgétaire en 2016 ? François Baroin s'est lancé ! Le ministre du Budget a indiqué lundi, dans un entretien au « Parisien », qu'il « défendra une loi de programmation des finances publiques prévoyant un déficit de 2 % en 2014, l'objectif étant de revenir à l'équilibre budgétaire en 2016 ». L'objectif est ambitieux. Pour ce faire, le gouvernement parie à la fois sur un retour de la croissance (2 % en 2011, puis 2,5 % à partir de 2012), un gel des dépenses de l'État (hors remboursement de la dette), ainsi qu'un « effort sans précédent » sur les niches fiscales et sociales qui rapporteront 9,4 milliards d'euros de recettes nouvelles en 2011. Avec ces efforts, la France entend se placer dans le « sillage » de rigueur de l'Allemagne. Pourtant, les deux pays se démarquent toujours dans leurs stratégies. Ainsi, l'Allemagne n'a pas d'objectif de retour à l'équilibre de ses comptes publics. Les deux seuls engagements du gouvernement fédéral sont celui pris vis-à-vis de la Commission européenne de ramener le déficit public sous les 3 % en 2013 au plus tard et celui de répondre aux exigences constitutionnelles fixées en 2009 (lire ci-dessous). Deux objectifs que la République fédérale semble en mesure de remplir. D'abord parce que l'excellente situation conjoncturelle du pays favorise ces ambitions de consolidation budgétaire. L'Allemagne devrait en effet ces deux prochaines années afficher des taux de croissance parmi les plus élevés du monde occidental : 3,5 % cette année et 2 % l'an prochain. De quoi réduire « naturellement » l'ampleur des déficits. Selon les principaux instituts économiques du pays, le déficit au sens de Maastricht devrait d'ailleurs passer sous les 3 % du PIB dès l'an prochain. « Plan d'avenir » outre-RhinCette bonne santé économique n'a pas diminué la volonté de rigueur du gouvernement fédéral. Le Bundestag examine actuellement un projet de « plan d'avenir » qui prévoit 79,9 milliards d'euros d'économies sur quatre ans. C'est seulement 1,7 milliard de moins que ce qui était prévu cet été avant la publication des chiffres de la croissance et c'est plus que nécessaire pour satisfaire à l'objectif constitutionnel qui nécessite une économie de 6 à 7 milliards d'euros par an. Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances, n'a pourtant de cesse de le répéter : pas question de relâcher l'effort de consolidation et de compter uniquement sur la conjoncture. L'Etat fédéral veut réduire ses dépenses d'administration et ses dépenses sociales, notamment les prestations accordées aux chômeurs de longue durée. Il entend aussi augmenter ses recettes par la création d'une taxe sur le trafic aérien et les centrales nucléaires. La rumeur court également qu'au printemps prochain les produits concernés par le taux réduit de la TVA pourraient être nettement moins nombreux. Enfin, Berlin a entamé une ambitieuse réforme de l'assurance maladie qui devrait dès 2012 rétablir l'équilibre du système.
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