Le yen condamné à monter toujours plus haut face au dollar

C'est dans un climat de méfiance que s'est ouverte la semaine, sur fond de craintes sur la reprise des pays développés, de guerre des monnaies larvée et de contestation sur le yuan (même si le Trésor américain a préféré ajourner la publication de son rapport sur ce dernier enjeu. Ces sujets ont été au coeur des débats de la réunion du FMI et des principales banques centrales du monde lundi à Shanghai et le seront à nouveau les 11 et 12 novembre à Séoul pour le conclave du G20. Cette méfiance a allégé temporairement les pressions baissières sur le dollar, qui a permis à l'euro notamment de reprendre son souffle et de revenir d'un point haut de 1,4150 à moins de 1,39. Cela n'a pas été le cas, en revanche, pour le yen qui est resté perché à quelques fractions de son plafond de quinze ans face au billet vert, à 80,90. Son regain de vigueur est de plus de 50 % depuis le déclenchement de la crise des subprimes à la mi 2007, ce qui en fait, de loin, la monnaie la plus performante du monde. Une véritable « endaka », une phase haussière ininterrompue, que les Japonais ont en horreur puisqu'elle menace leur compétitivité à l'exportation, seul moteur de la croissance nipponne. Les autorités monétaires japonaises, qui hésitaient à revenir sur le marché, après avoir cessé toute intervention de change depuis le début du printemps 2004, ont bien tenté le tout pour le tout pour calmer la fièvre sur le yen. L'intervention historique du 15 septembre, qui a porté sur 25 milliards de dollars et le retour à la politique de taux zéro décidée début octobre ont pu faire un moment illusion. Mais aujourd'hui les acteurs du marché des changes sont formels : les interventions, si elles vont à l'encontre des données économiques fondamentales d'une économie, sont vouées à l'échec. Or, le Japon est sorti de la récession même si sa croissance se tasse en 2011, à 1,4 % attendus contre 3 % cette année; il dégage des excédents commerciaux structurels chroniques et il n'a pas besoin d'attirer les capitaux étrangers pour financer son déficit budgétaire. Record en trompe l'?ilLe yen est donc paré de toutes les vertus d'une monnaie forte en ces temps d'aversion au risque. Et même si les opérateurs prennent leur temps pour lui faire franchir son record historique face au dollar, atteint en avril 1995 à 79,75, celui-ci ne devrait pas manquer d'être enfoncé. Car ce record est en trompe l'oeil. Pour l'égaler, compte tenu des écarts d'inflation entre les États-Unis et le Japon qui a connu une décennie quasi ininterrompue de déflation, il faudrait qu'il gagne encore au moins un quart de sa valeur.
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