Les risques de contagion sont limités

Jusqu'où ira la déflagration de la crise bancaire irlandaise ? Si la question se pose de manière de plus en plus aiguë dans toute l'Europe, c'est en Grande-Bretagne qu'elle agite le plus les milieux politiques et financiers. Car, comme lors de la crise islandaise de 2008, les banques du pays se retrouvent en première ligne. Elles sont les premiers prêteurs en Irlande parmi les établissements étrangers, avec 148,5 milliards de dollars (109 milliards d'euros) de créances publiques et privées confondues, au 30 juin dernier, selon la Banque des règlements internationaux. L'enjeu est donc de taille pour les Royal Bank of Scotland (RBS), Lloyds Banking Group (LBG) et autres Barclays, qui devront faire face dans les mois à venir à une montée de leurs pertes sur crédits, beaucoup de débiteurs devenant insolvables sous l'effet de la crise. Toutefois, l'impact sera « gérable », estime David Grinsztajn, analyste chez Alpha Value. « Ce n'est pas un sujet de préoccupation nouveau pour les Britanniques, qui surveillent l'évolution de la situation depuis deux ans et ont déjà enregistré des provisions pour y faire face. » C'est RBS qui détient la plus forte exposition à l'Irlande, avec 35 milliards de livres de crédits accordés à l'économie locale, d'après des chiffres d'UBS. « C'est très peu en relatif »« C'est beaucoup en valeur absolue mais très peu en relatif », remarque un expert. En effet, les créances détenues dans le pays par les banques britanniques ne représentent finalement que 3,8 % des crédits totaux qu'elles ont octroyés dans le monde (3.867 milliards de dollars). Pour la France, la proportion est de 1,5 %. Finalement, à cette aune, c'est l'Allemagne, et non la Grande-Bretagne, qui est la plus exposée (4,5 %). Mais, pour David Grinsztajn, « l'important n'est pas tant le risque des banques irlandaises lui-même que ses effets indirects, en particulier la crise de confiance qui touche les autres pays à risque, comme le Portugal et, dans une moindre mesure, l'Espagne ». Le degré de défiance sur les marchés dépendra donc de la rapidité avec laquelle la crise sera résolue en Irlande.Mais plusieurs inconnues demeurent. Dont la principale : les 46 milliards d'euros déjà versés par Dublin pour sauver le système bancaire, dont la moitié pour Anglo Irish Bank, la plus touchée de toutes, suffiront-ils ? La gigantesque crise immobilière se poursuit dans le pays : les prix résidentiels ont encore baissé de 8 % depuis début 2010. Sur les trois années à venir, les refinancements attendus des banques irlandaises approchent les 47 milliards d'euros. Auxquels il faut ajouter les besoins de refinancement liés à la baisse de valeur du portefeuille de prêts hypothécaires de 27 milliards transférés à la structure de défaisance publique, baisse qui pourrait avoisiner les 8 à 10 milliards d'euros et, in fine, donner lieu à une nouvelle recapitalisation des banques irlandaises. Au total, Natixis évalue les besoins de refinancement dans les trois prochaines années à 55 milliards d'euros. Une taille compatible avec la capacité de prêt de 60 milliards de la Commission via le mécanisme de stabilisation, le fameux European Financial Stability Mechanism (EFSM). « Ce qui signifie que le risque de défaut devrait s'éloigner, au moins à court terme, résume Gilles de Bourrousse, analyste chez Octo Finances. Mais, ajoute-t-il, le gouvernement n'acceptera une aide extérieure, y compris pour l'État, qu'à la condition que les pays européens n'exigent pas une hausse du taux d'imposition sur les sociétés, qui reste son avantage compétitif. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.