Cematerre veut révolutionner la construction

Vous mélangez de la terre avec des liants (fibre végétale, ciment, chaux) et vous mettez en place - par vibration - le matériau de construction obtenu, dans un coffrage classique. C'est l'innovation que vient de mettre au point Lefebvre Industrie SA (6 millions d'euros de chiffre d'affaires, 30 salariés), une PME de Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), spécialisée dans les ouvrages en béton pour l'industrie. En attente de l'agrément technique européen CSTB, elle a déposé un brevet international pour le matériau et sa mise en place.« La terre crue est utilisée comme matériau de construction depuis très longtemps avec le pisé ou le torchis. En l'associant à des liants, on gomme les défauts de ces techniques de construction : faible résistance mécanique et érosion », résume Alain Lefebvre, président de Lefebvre Industrie et de Cematerre, la filiale qu'il a créée pour commercialiser sa technique de construction. Le chef d'entreprise entend « révolutionner la construction » en fabriquant un matériau de construction « à partir de la terre que l'on trouve sur les chantiers » et il annonce une première réalisation - des bureaux - dans la région havraise en janvier. La PME normande a investi 400.000 euros dans cette innovation dont 150.000 euros dans une « centrale de malaxage », fabriquée pour Cematerre par HPL Distrimix, fabricant lillois de centrales à béton.Cematerre est née de la pénurie des matériaux de construction, les restrictions étant fortes pour l'extraction de granulats, protection de l'environnement oblige. « Aujourd'hui, observe Alain Lefebvre, quand elles construisent des autoroutes ou des parkings, les entreprises doivent se débrouiller avec les matériaux qui sont sur place ; ces matériaux sont traités à la chaux et au ciment pour être durcis. » D'où cette réflexion : pourquoi ne pas adapter à la construction « verticale » ce qui se fait déjà pour les routes ? L'innovation consiste à extraire la terre qui se trouve sous la couche de terre végétale et à la placer dans la « centrale de malaxage » que l'on fait venir sur le chantier de construction pour éviter les transports. La terre est mélangée avec du ciment, de la chaux et des fibres de lin (ou une autre fibre). Le matériau obtenu est versé dans le coffrage, avant d'être tassé et mis en place par vibration. Trois fois plus isolantSelon Alain Lefebvre, ce matériau est trois fois plus isolant que le béton mais son niveau de résistance mécanique est le tiers de celui du béton. Pour pallier cette insuffisance, « on augmente l'épaisseur du matériau », explique l'inventeur. Ce dernier est convaincu que l'on est, avec ce nouveau matériau de construction, « au même niveau que le béton en 1920 ». Claire Garnier, à Roue
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