Croissance : l'échappée de l'Allemagne

Dans la course à la reprise en Europe, l'économie allemande signe une belle échappée. La banque centrale allemande, la Bundesbank, a en effet révisé hier sa prévision de croissance de cette année pour la première économie de la zone euro de 1,9 % à 3 %. Certes, après la révélation il y a une semaine d'une très forte croissance au printemps (+ 2,2 %) par rapport à l'hiver dernier, les observateurs tablaient sur un regain d'optimisme outre-Rhin. « De toute évidence, la banque centrale a été elle-même un peu surprise par le décollage de l'économie », remarque Ralph Solveen, économiste à la Commerzbank à Francfort. Lui-même escompte une progression du produit intérieur brut (PIB) allemand de 3,25 % en 2010. Pour Alexander Koch, économiste à Unicredit à Munich, l'Allemagne pourrait même atteindre le taux de croissance annuel le plus élevé depuis la réunification avec 3,5 % de hausse. La conjoncture allemande est tellement idyllique que les analystes financiers estiment que la croissance a atteint son sommet. « Après une hausse de l'activité de 9 % en rythme annuel au second trimestre, les taux de progression dans les prochains mois ne peuvent être que plus mauvais, c'est pourquoi de nombreux observateurs pensent que la situation économique en Allemagne va se détériorer, même s'il y a une poursuite de la reprise », explique Ralph Solveen. L'industrie allemande peut toutefois encore améliorer sa performance : elle n'a pour l'instant rattrapé que la moitié du recul de sa production causé par la crise, note la Bundesbank dans son bulletin mensuel paru jeudi. Le PIB avait en effet reculé l'an dernier d'un sévère 4,9 % par rapport à 2008. L'embellie allemande est évidemment due à la forte reprise de ses exportations, notamment vers les pays émergents. « L'expansion de la production allemande a suscité un besoin accru énorme de composants importés », note la Bundesbank. « Les partenaires européens de l'Allemagne profitent nettement du fort rythme de croissance actuel de l'économie allemande », souligne-t-elle également, rappelant que les importations allemandes venant des pays de la zone euro ont augmenté deux fois plus vite depuis janvier que ses exportations sur leurs marchés. De quoi neutraliser les critiques françaises sur le modèle de croissance allemand privilégiant les exportations... chômage en baisse« La reprise commence à se faire sentir sur le marché du travail », note enfin la Bundesbank. Au printemps, les registres du chômage comptaient 128.000 personnes de moins que l'hiver dernier. Le taux de chômage est tombé à 7,6 % en juillet, après un pic de 8,2 % au plus fort de la crise. Cela devrait soutenir la consommation des ménages, habituel parent pauvre de l'économie allemande.
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