Entrée au capital de La Poste : la Caisse des dépôts protège ses intérêts

La Caisse des dépôts est prête à entrer au capital de La Poste... mais pas à n'importe quelle condition. Sollicitée à hauteur de 1,5 milliard d'euros pour renforcer le capital de l'entreprise publique - ce qui représente tout de même plus de 80 % de l'ensemble de ses investissements en fonds propres de 2009 -, l'institution presque bicentenaire entend bien prendre un maximum de garanties. « Une surestimation de la valeur de La Poste conduirait à des dépréciations ultérieures qui créeraient des pertes pour la CDC [Caisse des dépôts et consignations] et réduiraient mécaniquement la contribution au budget de l'État », expliquait incidemment le directeur général de la Caisse des dépôts, Augustin de Romanet, dans un entretien aux « Echos » il y a une semaine. Jeudi, un début d'accord a été trouvé sur cette délicate question de valorisation. À l'occasion d'une réunion à Bercy, les représentants de la Caisse des dépôts (Augustin de Romanet et le président de la commission de surveillance, Michel Bouvard) se sont entendus avec la ministre de l'économie, Christine Lagarde, sur une « valeur pivot » de 3 milliards d'euros pour La Poste. Sur cette base, sachant que l'État participera à l'augmentation de capital à hauteur de 1,2 milliard d'euros, la participation de la Caisse des dépôts atteindrait 26 %. De quoi peser sur les orientations stratégiques du groupe présidé par Jean-Paul Bailly.valorisation évolutiveCependant, de nombreux points demeurent toujours en discussion. « On parle de valeur pivot car la valorisation du groupe pourrait être amenée à évoluer, en fonction par exemple du déroulement du plan d'affaires de La Poste », explique-t-on. Les banquiers et les juristes qui conseillent les différentes parties prenantes doivent maintenant créer un mécanisme permettant de faire évoluer la participation de chacun. Cette souplesse permet à l'État d'accepter une valorisation de l'entreprise publique inférieure à ses fonds propres (4 milliards d'euros). Avant la crise, La Poste avait pu être valorisée entre 8 et 10 milliards d'euros. Mais, depuis, l'activité courrier, qui apporte encore plus de la moitié du chiffre d'affaires de l'entreprise, ne cesse de plonger. Elle devrait chuter de 30 % en volume entre 2009 et 2015. La Caisse des dépôts, elle, pourrait ainsi se prémunir contre des scénarios très défavorables, notamment sur cette activité courrier, et plus généralement contre certains éléments susceptibles de grever le résultat du groupe, comme l'évolution des taux d'intérêt. Parmi les autres sujets d'attention figurent l'impact des retraites sur les résultats du groupe, les hypothèses de développement des nouveaux métiers ou encore les plus-values latentes sur l'immobilier. La Poste devrait être informée des résultats des négociations entre l'Agence des participations de l'État (APE) et la Caisse des dépôts dans les prochains jours. Au menu des discussions : les questions de valorisation et de gouvernance, mais aussi des accords qui devraient permettront de trouver des synergies entre certaines filiales, notamment Poste Immo et les filiales spécialisées dans l'immobilier de la Caisse des dépôts.
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