Le Petit Palais trace l'avenir des musées

Ne demandez pas si c'est de l'art, demandez combien ça coûte. » Ainsi s'exprimaient dans les années 1970 une bande d'amusants gauchistes animés par des chefs de file dont les racines culturelles étaient assurément bourgeoises. L'envolée des prix de certaines oeuvres d'art dans les ventes aux enchères a donné raison aux Situationnistes. L'attrait de quelques expositions phares participe de la même analyse. C'est un spectacle, mais un spectacle éreintant pour le commun des mortels : il doit faire la queue dans de mauvaises conditions et, une fois parvenu dans les salles d'exposition, c'est la foire d'empoigne...C'est pour cela que l'initiative de la mairie de Paris au Petit Palais est bougrement intéressante. Pendant un mois (jusqu'au 17 octobre 2010), 40 chefs d'oeuvre de la peinture occidentale seront présentés au travers d'autant de vidéos numériques. D'un côté, le spectateur découvre la reproduction de l'oeuvre sur un plexiglas ; de l'autre, il pénètre dans l'oeuvre et découvre les détails qu'il aurait pu ne pas distinguer. Samsung est le mécène de cette exposition originale, qui est une première. Avec les tailles respectables atteintes par les écrans de télévision, l'idée de les utiliser à autre chose une fois éteints a longtemps animé les réflexions de Philippe Barthelet, vice-président exécutif de Samsung France. La peinture était une voie toute tracée. L'énergie d'Irina Henry, présidente de l'agence Henry Conseil, a permis de nouer ce partenariat avec le Petit Palais. Conservateur de ce musée depuis trois ans, Charles Villeneuve de Janti voit dans cette opération un véritable mécénat pédagogique. « Notre mission est de conserver les oeuvres et de les rendre accessibles au public, explique-t-il. Avec Samsung, nous avons trouvé une manière innovante d'apprendre à regarder ces oeuvres. Nous donnons des clefs aux visiteurs pour les décrypter. L'objectif de la caméra numérique remplace le conférencier. »Prenons l'exemple de la Joconde, que tout le monde va voir en masse au Louvre. Lors de ce pèlerinage quasi-quotidien, les visiteurs se pressent devant le tableau, ne savent plus pourquoi ils sont venus et repartent frustrés. Or, le regard est quelque chose qui s'éduque, qui s'apprend. « Notre accrochage numérique permet de suggérer les bonnes questions au visiteur pour qu'il puisse se faire plaisir », assure Charles Villeneuve de Janti. Et ce n'est pas là le seul avantage d'une telle exposition. D'abord, elle peut être visitée virtuellement sur Internet. Certaines vidéos seront d'ailleurs téléchargeables gratuitement. De plus, l'exposition peut voyager facilement. Elle permet donc de contenir les coûts d'assurance devenus exorbitants et de montrer au plus grand nombre des oeuvres qui ne peuvent plus voyager (peinture sur bois, oeuvre trop grande). Avec cette exposition, le Petit Palais trace l'avenir des musées modernes. · Révélations, une odyssée numérique dans la peinture, au Petit Palais, musée des beaux-arts de la ville de Paris, avenue Winston Churchill 75008 Paris, jusqu'au 17 octobre. Parcours Gratuit.
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