« Nous privilégions les titres qui offrent un rendement élevé »

Selon vous, le pire de la crise est-il passé ?Oui. Ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas eu de rupture majeure du système bancaire. En revanche, le ralentissement économique reste problématique. La faiblesse de la croissance des pays développés est un problème structurel et non temporaire. Le poids de l'endettement public, un marché du travail mis à mal par l'exportation de l'emploi dans les pays émergents ou encore les bas taux d'utilisation des capacités pèsent dans la balance. Cela dit, la dynamique des Bric devrait, selon moi, éviter aux économies matures de basculer dans la récession. En Allemagne, les exportations, qui dépassent 40 % du PIB, constituent un véritable moteur. Dans ce contexte, quelle attitude faut-il adopter ?En l'espace d'un an et demi, les valeurs cycliques ont beaucoup profité des perspectives d'embellie conjoncturelle et se négocient aujourd'hui avec une prime de 12% par rapport à des profils plus défensifs. Le risque de déception sur la reprise et donc sur les résultats des sociétés est important. Les estimations de profits pour 2011 sont trop ambitieuses. De forts réajustements sont à attendre dans des secteurs comme l'automobile. Dans ce contexte, nous privilégions les titres susceptibles de procurer de forts rendements. Ce qui est notamment le cas des télécoms et des utilities. D'une manière générale, la capacité des sociétés à générer de la trésorerie à augmenté et l'on note une certaine constance dans leur politique de distribution. Il s'agit là d'un phénomène structurel. Je pense d'ailleurs que la contribution des dividendes à la performance totale des actions pourrait passer de 50 % aujourd'hui à plus de 60 % dans les années à venir.Le durcissement réglementaire induit par Solvency II pour les assureurs et bientôt Bâle III pour les banques contraint les institutionnels à diminuer leur risque et donc à se désengager du compartiment des actions. Y a-t-il une vraie menace d'assèchement des flux sur les actions ?Après la chute de Lehman Bothers, les institutionnels et les fonds de pensions ont significativement réduit leur exposition aux actions. À cela sont venues se greffer les contraintes de Solvency II. Les flux sortants constatés sur les fonds actions aux Etats-Unis ont atteint plus de 100 milliards de dollars sur la période. Et cela au profit des placements obligataires, notamment la dette d'entreprise, qui a drainé dans le même temps plusieurs centaines de milliards de dollars. Les volumes restent bas sur les marchés boursiers mais ces derniers bénéficient d'un matelas de sécurité lié à la très faible valorisation des actions. Les indices boursiers européens affichent une décote d'environ 30 % par rapport aux obligations. Quand les Bourses européennes et américaines ont-elles une chance de retrouver leurs niveaux précédant la crise de Lehman Brothers ?À mon avis pas avant 3 à 5 ans. D'où l'intérêt d'aller chercher de la performance ailleurs. Notamment dans les émergents, en misant davantage sur de petites nations comme l'Indonésie, la Malaisie, la Turquie ou encore le Chili. L'univers des petites et moyennes capitalisations boursières, moins sensibles aux effets de cycles que leurs grandes soeurs, recèle également des opportunités intéressantes.
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