Les services Internet gratuits estimés à plus de 100 milliards d'euros

La partie de bras de fer entre la Commission européenne et les professionnels de la publicité sur la protection des données personnelles sur Internet entre dans sa dernière ligne droite. En mai 2011, le « paquet télécoms » adopté fin 2009 et exigeant le consentement des internautes pour le placement des cookies (témoins qui mémorisent les sites visités et les recherches) sur leurs ordinateurs doit être transposé par les 27 États membres. Mais pour les publicitaires réunis au sein de l'Interactive Advertising Bureau (IAB), ce texte « reste flou sur l'interprétation de cette demande de consentement ».Code de bonne conduiteIls plaident pour une autorégulation et entendent bien convaincre la commissaire en charge de la société numérique, Neelie Kroes, qui a fait de la protection des données personnelles sur la Toile son cheval de bataille. Et qui veut revoir intégralement la réglementation européenne dans les prochaines années. Invitée ce vendredi à Bruxelles par l'IAB, elle a rappelé les grands principes auxquels elle ne comptait pas déroger, dont le fameux consentement de l'internaute sur les cookies. Or, c'est grâce à ce minilogiciel qualifié d'espion par ses détracteurs que s'est développée la publicité ciblée en fonction des goûts de l'internaute, aujourd'hui en plein essor. Martin Sorrell, le président de WPP, le numéro un mondial de la publicité, a plaidé vendredi auprès de la commissaire pour plus de souplesse. Aux yeux des publicitaires, la Commission fait fausse route en intégrant les cookies dans la notion de données personnelles. « Ce sont avant tout des outils qui permettent le ciblage de l'internaute, donc de lui proposer de la publicité plus acceptable, mieux adaptée à son profil », insiste Alain Heureux, président de l'IAB Europe. S'il faut demander à chaque dépôt de cookie son accord à l'utilisateur, cela risque « de le faire fuir car il sera lassé d'être systématiquement interpellé, et de bloquer le Web », ajoute-t-il.Surtout, l'IAB a convié Neelie Kroes pour lui présenter une étude commandée à McKinsey, qui tente de mettre un prix sur ces services Internet gratuits (mails, réseaux sociaux, moteurs de recherche ...) si la publicité n'existait pas. La mesure du « bénéfice consommateur » de ces services amène McKinsey à estimer leur valeur globale à plus de 100 milliards d'euros pour le Royaume-Uni, la France, l'Italie, l'Espagne, la Russie et les États-Unis. Un chiffre qui grimperait à 190 milliards en 2015. Un bénéfice colossal pour l'économie qui, selon l'IAB, n'existe que grâce à la publicité en ligne (31 milliards d'euros en 2009, dont 14,7 milliards en Europe). Les publicitaires enfoncent le clou en pointant que 40 % des internautes pourraient choisir de limiter leur utilisation d'Internet si ces services devenaient payants. Le message est clair : mettre des bâtons dans les roues à la publicité en ligne pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour Internet. La commissaire n'a pas semblé convaincue car elle a appelé les publicitaires à corriger rapidement leur copie. La direction de l'IAB la revoit mardi 21 septembre pour lui présenter en détail son code de bonne conduite.
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