EADS enterre son projet de devenir une société européenne

Le projet de statut de société européenne (SE) pour EADS a fait long feu. Le groupe européen a abandonné cette idée, pourtant chère à son président exécutif Louis Gallois, qui souhaitait par ce biais mieux intégré le groupe. « Pas abandonné, mais laissé de côté », fait-on valoir dans l'entourage du président. Officiellement pour de nombreuses raisons techniques et juridiques. « Nous avons actuellement beaucoup de priorités opérationnelles, comme l'A350XWB, l'A400M ainsi que la poursuite des plans d'économies Power 8, Power 8+ et Future EADS pour lancer ce nouveau chantier », précise-t-on.Officieusement parce qu'un statut de société européenne met en place un seul et unique PDG et... des directeurs généraux de divisions. Ce qui aurait alors froissé beaucoup trop d'egos dans le groupe, EADS ayant de nombreuses filiales avec, à leur tête, des PDG qui n'avaient nullement envie d'abandonner leurs privilèges. Le comité exécutif du groupe n'en a pas voulu. Louis Gallois n'avait pas non plus les moyens politiques d'imposer ce changement à ses grands barons soucieux de garder une certaine indépendance vis-à-vis du siège parisien, boulevard de Montmorency. Ce n'était pas non plus opportun de faire basculer à nouveau EADS dans une crise de nerfs. D'autant que Louis Gallois avait pour mission principale, à son arrivée en 2007, d'apaiser le groupe miné par les rivalités franco-allemandes. « Louis [Gallois, Ndlr] a fait un très beau travail pour apaiser EADS, et j'admire la façon dont il l'a fait », a même expliqué, dans une interview à « L'Express », le PDG d'Airbus, Tom Enders.Arrière-penséesBref, tout l'argumentaire de bon sens développé par la direction d'EADS il y a deux ans pour promouvoir le concept de statut de société européenne (SE) n'a pas pesé lourd face aux intérêts personnels : « L'avantage avec ce statut de SE, c'est qu'il n'y a plus besoin de filiales nationales. Tout le monde aura le même contrat. Cela permet de créer une unité EADS. » Tout le travail d'études et d'analyse a été effectué. Au successeur de Louis Gallois de le reprendre à son compte ou non.Sur ce dossier, la position de Tom Enders, candidat naturel au fauteuil de PDG d'EADS en 2012, même s'il s'en défend dans « L'Express », n'est pas dénuée d'intérêt ni surtout d'arrière-pensées. S'il a trouvé intéressante l'idée de société européenne, il l'a également trouvée prématurée lorsqu'elle a été présentée. « L'idée est à creuser », aurait-il souligné. Il n'est pas exclu que Tom Enders reprenne à son compte cette idée pour asseoir son pouvoir. D'autant que, selon lui, « diriger Airbus est probablement le plus beau job de l'industrie européenne ».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.