Guerre des monnaies : Pékin et Washington amorcent une trêve

L'approche de la réunion du G20 à Séoul, dans un contexte de guerre des monnaies, a poussé les deux principaux protagonistes - Les États-Unis et la Chine - à consentir un geste, certes symbolique, mais qui prouve que la porte d'une possible accalmie sur le front des hostilités reste ouverte. Après l'annonce vendredi dernier de l'ajournement de la publication du rapport du Trésor américain qui menace d'accuser la Chine de manipulation de sa monnaie, c'est le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner lui-même, qui est monté au créneau. Lundi soir, il a repris à son compte le mantra de son prédécesseur du siècle dernier, Robert Rubin, qui dès 1995 avait « inventé » un credo repris en choeur par ses successeurs : « le dollar fort est dans l'intérêt des États-Unis ». Ce n'est pas une première dans la bouche de l'actuel responsable des finances américaines. Mais tout au long de la phase d'affaissement du billet vert, on ne l'avait pas entendu utiliser ce sésame pour tenter d'enrayer, ou même simplement d'amortir, le courant vendeur. Tim Geithner a également affirmé lundi que les États-Unis souhaitaient préserver la confiance dans le dollar et n'avaient pas l'intention d'engager une dévaluation de leur monnaie.InattenduLa réponse ne s'est pas fait attendre : dès mardi, la Chine a, elle aussi, avancé un nouveau pion. Après avoir laissé le yuan s'apprécier un peu plus rapidement depuis début octobre - il a gagné 2,5 % de sa valeur face au dollar depuis l'abandon de son arrimage au dollar en juillet dernier - les autorités de Pékin ont annoncé le premier resserrement des taux chinois depuis décembre 2007. La Banque populaire a relevé d'un quart de point ses deux taux directeurs, portant le taux des dépôts à un an à 2,5 % et le taux des prêts à 5,56 %. « Inattendu mais compréhensible », explique Bei Xu, spécialiste de la Chine chez Natixis. Inattendu parce que Pékin a annoncé pas plus tard que la semaine dernière le relèvement du coefficient de réserves obligatoires des six plus grosses banques commerciales, ce qui correspond déjà à un durcissement monétaire. Compréhensible parce que le risque inflationniste, principal souci des responsables chinois a augmenté. L'indice des prix, qui sera connu jeudi, se serait accru de 3,6 % en septembre contre 3,5 % en août, en dépit d'une légère décélération de la croissance, qui serait retombée à 9,5 % au troisième trimestre. Même s'il ne faut pas attendre d'effet taux direct sur le yuan qui n'est pas convertible, la mesure va dans la bonne direction.Le marché des changes ne s'y est pas trompé qui, entre la concession de Geithner et le geste de la Chine a relâché les pressions baissières sur le dollar. L'euro est ainsi retombé en séance d'un peu plus de 1,40 dollar - et 1,4150 la semaine dernière - à 1,3790 au plus bas dans les transactions.
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