« Si l'on veut redresser l'industrie, il faut passer aux actes »

STRONG>Pierre Gattaz Président du Groupe des fédérations industrielles (GFI)La France est sortie doucement de la crise en 2010. L'industrie également ?La conjoncture a été meilleure que prévu, mais l'équilibre est fragile. Certains secteurs s'en tirent mieux que d'autres. Dans l'aéronautique, par exemple, l'écosystème affiche un certain dynamisme, les carnets de commandes sont plutôt bien remplis. En revanche, certains secteurs de l'électronique, comme les circuits imprimés, restent fragiles. Globalement, les entreprises qui ont passé les frontières, qui profitent du dynamisme de notre voisin allemand ou qui concluent des marchés dans les pays émergents, s'en sortent mieux que les autres. Et les plus petits souffrent plus que les grands. Qu'en est-il de l'automobile ?Les constructeurs et leurs sous-traitants ont sorti la tête de l'eau, stimulés en partie par la mise en place de la prime à la casse gouvernementale.La fin de cette prime ne peut-elle pas mettre un coup d'arrêt à cette reprise ?Certains le craignent. Une chose est sûre : tiré par la forte demande des pays émergents, le marché mondial de l'automobile est en pleine expansion. Les constructeurs et leurs fournisseurs qui sauront placer leurs pions en Chine, en Inde, au Brésil seront les leaders demain. Contrairement à ce que l'on pense, les entreprises françaises savent se positionner sur ces marchés.Mesuré par l'Insee, le moral des industriels a retrouvé son niveau d'avant- crise. Est-ce de bon augure pour 2011 ?Nous sommes plutôt confiants, la reprise de l'activité devrait se confirmer dans la plupart des secteurs même si, je le répète, l'industrie reste fragile. Interrogés dans le cadre du baromètre de conjoncture « La Tribune »-LCL, les dirigeants de PME s'alertent de la flambée des matières premières. Le GFI partage-t-il leurs inquiétudes ?Evidemment. Dans certains secteurs, des mécanismes contractuels existent pour gérer les risques de variations des prix des matières premières. Ainsi, dans l'industrie du câble, la flambée du cours du cuivre a été amortie en partie. Mais quand ces phénomènes ne sont pas prévus contractuellement, les entreprises voient leurs marges fondre. Dans l'électronique, le doublement du prix de l'or en cinq ans a eu forcément des conséquences néfastes. La variation des taux de change nous préoccupe également, et surtout sa volatilité. Une dépréciation, même légère, du dollar face à l'euro peut ruiner instantanément les efforts de compétitivité des entreprises exportatrices, réalisés sur des mois ou des années. En 2010, le gouvernement a orchestré les états généraux de l'industrie (EGI). Qu'en est-il ressorti ?Qu'il y avait urgence à redorer le blason de l'industrie française, à la rendre plus compétitive et à lui redonner une ambition, je dirais même une fierté. Il faut donner une image beaucoup plus positive pour attirer des jeunes vers nos entreprises industrielles. Il faut rappeler que l'industrie est le seul endroit, avec les services associés, où nous construisons notre futur et où nous répondons à tous les grands problèmes de l'humanité dans les domaines de la santé, du développement durable, de l'énergie, des transports. La stratégie de filière mise en place est-elle une bonne solution ?C'est une bonne solution, surtout lorsque les filières sont organisées et pilotées par les acteurs, en bonne intelligence avec l'Etat. D'ailleurs, c'est ce que font les Allemands ? dont nous ne nous lassons pas de louer les mérites ?, mais aussi les Américains, les Chinois, les Japonais.C'est bien beau de faire des états généraux, des rapports sur l'industrie, à quoi sert la Conférence nationale de l'industrie créée à la suite des EGI ?Après le constat et les rapports, on doit passer à l'acte ! La Conférence nationale de l'industrie, la CNI, est mise en place pour exécuter les mesures décidées dans le cadre des EGI, en faisant travailler ensemble l'Etat, les entreprises et les organisations syndicales. Elle est chargée de travailler sur les chantiers permettant de rendre l'industrie française plus attractive, plus compétitive et plus ambitieuse. Je fais grande confiance à Jean-François Dehecq, le vice-président de la CNI, qui a la responsabilité opérationnelle de cet outil, pour tenir le manche fermement et accélérer le mouvement. Propos recueillis par Fabien Piliu
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