La concertation sur la future taxe carbone s'engage dans un contexte de radicalisation

La concertation qu'engagera le gouvernement dès février sur la taxe carbone revisitée serait-elle mal engagée avant même d'avoir commencé ? Fort du succès de la méthode employée pour le Grenelle de l'environnement, qui avait réussi à faire dialoguer jusqu'au bout des partenaires aux intérêts divergents, le gouvernement, sous la houlette de son ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo, a décidé de réitérer l'exercice pour la concertation qu'il organise sur la taxe carbone. Ces pourparlers seront en effet menés quasiment avec les mêmes acteurs : les entreprises soumises au système des quotas d'émission, les partenaires sociaux, les ONG environnementales et les élus. Une sorte de mini-Grenelle. Sauf que ce qui avait réussi il y a deux ans s'organise aujourd'hui dans des contextes très différents. Oubliée « la dynamique Grenelle » qui puisait notamment sa force dans l'état de grâce présidentiel qui dominait alors la vie politique. Éteint l'esprit de compromis qui régnait entre partenaires lors du Grenelle. Aujourd'hui, les industriels, par la voix d'Yvon Jacob, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), se radicalisent. Ils prévenaient, dès mercredi, qu'il ne saurait y avoir de taxe carbone « sans compensation intégrale » tout en précisant qu'à leurs yeux « la suppression de la taxe professionnelle était désormais un acquis » qu'il ne fallait aucunement considérer comme une compensation à la taxe carbone. Quant au Medef, « sa présidente est en campagne pour un deuxième mandat ce qui signifie qu'elle est plutôt poussée à surenchérir qu'apte au compromis », commente un expert gouvernemental. Ce vent de radicalité souffle également parmi les ONG, dont les troupes sont nombreuses à être déçues par « le peu d'ambition du gouvernement en matière de fiscalité verte », concède Arnaud Gossement de France Nature Environnement (FNE). Sans oublier les syndicats, enclins généralement à considérer les questions environnementales comme secondaires, mais qui en l'espèce renâclent sur ce dossier car ils décèlent de nombreuses inégalités sociales dans la manière dont le gouvernement a construit la taxe verte.InquiétudesBref, des industriels inquiets pour leur compétitivité, un patronat en effervescence électorale, des ONG environnementalistes dont beaucoup ne cachent pas leur déception au regard des espoirs qu'avait suscités le Grenelle de l'environnement et des syndicats vent debout contre tout accroc au pouvoir d'achat des salariés : tous les ingrédients sont réunis pour empêcher la mayonnaise de prendre. Jean-Louis Borloo aura besoin de beaucoup de doigté politique pour faire de ce mini-Grenelle le même succès que le vrai. Rémy J
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