Pékin et New Delhi sont prêts à réduire leur plan de relance

Éviter la surchauffe de l'économie, tel est le défi qui se pose tant à New Delhi qu'à Pékin. En novembre dernier, la production industrielle en Inde a bondi de 11,7 % sur un an, dépassant nettement les 10 % attendus. Le secteur automobile, en particulier, s'est envolé. Avec la bonne résistance de l'agriculture à la sécheresse de l'été dernier, la banque Citi a relevé ses prévisions de croissance pour cette année à 7 % contre 6,2 %. En Chine, l'estimation officielle du PIB, au quatrième trimestre 2009, doit être publiée ce jeudi : elle devrait franchir les 10 %, un seuil considéré par les autorités comme un signe de surchauffe.Ces bonnes nouvelles font craindre un risque d'inflation. En décembre, la hausse des prix de gros en Inde s'est établie à 7,3 %, alors qu'elle était négative l'été dernier. Les produits alimentaires ont subi une majoration de 18 %. Même constat en Chine, où l'inflation pointe à 1,4 % en décembre (sur un an glissant).Résultat, chez les deux géants asiatiques, experts et officiels se demandent si le moment n'est pas venu de retirer les soutiens à l'économie. En Inde, la réponse n'est pas tant de lever le dispositif de crise mis en place en 2009 (taux d'intérêt bas et nombreuses mesures fiscales sectorielles) que de fixer le rythme auquel on en sort. Barclays Capital estime ainsi que la banque centrale indienne pourrait relever ses taux de 25 points de base dès la fin janvier. Mais le patronat redoute une remise en cause trop brutale du plan de soutien de l'économie. « Une hausse des taux d'intérêt et une réduction de la disponibilité du crédit seraient de nature à étouffer la croissance plutôt qu'à contenir les prix », affirme l'organisation patronale FICCI. Les pouvoirs publics se veulent plus mesurés. « Nous allons progressivement revenir sur le plan de soutien cette année, mais il est trop tôt pour dire à quel rythme », a déclaré Montek Singh Ahluwalia, vice-président de la commission du plan. Mais Aman Agarwal, de l'Indian Institute of Finance, prône la prudence : « L'économie n'est évidemment pas en surchauffe. Le gouvernement devrait réduire petit à petit les mesures de soutien à l'activité en regardant de près les secteurs d'activité et en visant ceux qui ont déjà rebondi. »pouvoir de consommationLa Chine est aux prises avec les mêmes difficultés, en plus aiguës. Outre le crédit (voir ci-contre) qui fait craindre un endettement excessif, le plan de relance chinois de 4.000 milliards de yuans sur deux ans (414 milliards d'euros) pourrait lui aussi connaître une baisse de régime ou du moins voir ses orientations modifiées. Car pour l'avenir, Pékin compte transformer la structure de son économie. « Cette année marque le début d'une nouvelle ?longue marche? pour la Chine, un pari pour enclencher le pouvoir de consommation de 1,3 milliard de personnes », souligne Steven Sun, stratégiste chez HSBC. Il s'agit, à la faveur de la crise, de moins dépendre des exportations qui ont alimenté la croissance ces dernières années pour s'appuyer plutôt sur le marché intérieur. « Les dépenses publiques devraient s'investir davantage dans l'éducation, la santé et le logement social que dans les grands projets d'infrastructures », estime Steven Sun. Avec à la clé, la consommation prenant le relais de l'investissement pour alimenter la nouvelle croissance.
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