Londres pousse les 2,5 millions de chômeurs à travailler

La file d'attente du Job Centre Plus, l'équivalent du centre de Pôle Emploi, du quartier d'Islington, dans l'est de Londres, ne désemplit pas. Un à un, leur fiche de convocation à la main, les demandeurs d'emplois se rendent au rendez-vous fixé par téléphone. L'humeur est sereine au lendemain de l'annonce par le Premier ministre David Cameron de son plan de réforme du système des prestations sociales. Simon ne se sent en effet pas vraiment concerné. « Tout d'abord, je dois bien avouer que je n'ai pas compris grand-chose. Ensuite, rien ne changera avant au plus tôt 2013 et d'ici là j'espère bien ne plus être dans ce merdier. » Cet ancien manutentionnaire est inscrit au chômage depuis la fermeture de son entreprise de déménagement en 2008. Non loin de lui, Assim, un ancien employé de bureau, se réjouit plutôt des mesures annoncées. « Aujourd'hui, explique-t-il, si je prends un boulot je perds toutes mes prestations sociales. Or, si je suis licencié rapidement, je ne les toucherai à nouveau que six à sept semaines plus tard, le temps pour l'administration de réenclencher la machine. Or, je ne peux pas vivre pendant tout ce laps de temps sans argent, surtout que les versements ne sont pas rétroactifs. Avec les idées du Premier ministre, on continuera à toucher les allocations pendant plusieurs mois après la prise d'un emploi. Et en plus, ça vaudra vraiment le coup de bosser puisqu'on touchera des allocations et un salaire. Enfin, si cela ne change pas d'ici là... »Les mesures de David Cameron mélangent menaces et incitation. Un chômeur qui refusera un emploi « raisonnable » ou un travail gratuit en faveur de la communauté perdra ses prestations sociales pendant trois mois. Un nouveau refus dans l'année suivante lui vaudra une radiation de six mois et, au troisième refus, la suspension sera de trois ans. En contrepartie, ce même chômeur gardera entre 20% et 35% de ses indemnités lorsqu'il acceptera un emploi, alors qu'il perd aujourd'hui quasiment l'intégralité de ses droits. Réduire les dépenses de l'ÉtatCette réforme du système de prestation sociale « la plus importante depuis soixante ans » vise d'abord à réduire les dépenses de l'État. « Il faut pouvoir financer les prestations chômage: quand nous sommes arrivés au pouvoir [en mai 2010, Ndlr] les dépenses d'indemnisation du chômage s'élevaient à 90 milliards de livres par an (107 milliards d'euros), soit 15 % des dépenses publiques. Ce n'est tout simplement pas viable alors que nous essayons de venir à bout du plus gros déficit budgétaire de l'après-guerre. » explique le Premier ministre. Le contexte est cependant difficile : le chômage touche actuellement 2,5 millions de personnes et plus particulièrement les jeunes dont le taux de chômage atteint désormais 20,5 % (contre 7,9 % pour le taux global), soit un record depuis au moins 1992.Le Premier ministre veut créer « une nouvelle culture de la responsabilité (...) comme un frein face aux abus du système ». Elle ne fait pas l'unanimité mais rassure au moins l'électorat conservateur sur la volonté de réforme.Tristan de Bourbon, à Islingto
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