L'euro perd pied vis-à-vis du yen

L'euro est en danger, proclame Angela Merkel. L'euro n'est pas en danger, rétorque Christine Lagarde. Qui croire ? Étant donné la discipline budgétaire de fer que l'Allemagne entend imposer à ses partenaires, les investisseurs penchent pour l'hypothèse germanique et continuent d'infliger à la monnaie unique des secousses exceptionnelles. La baisse de l'euro est appelée à durer, car les écarts de conjoncture en faveur des États-Unis, dont la reprise était déjà beaucoup plus solide que celle de la zone euro avant que ne soit prononcé le mot austérité, vont jouer à plein en faveur du dollar. bénédictionDans ces conditions, estime Charles Wyplosz, l'éminent professeur d'économie qui dirige le Centre international pour les études monétaires et bancaires de Genève, la chute de l'euro, dans un contexte de croissance mondiale dynamique, est une véritable bénédiction, car elle pourrait empêcher la zone euro de plonger dans la récession. « L'euro a encore une ample marge d'affaiblissement avant d'entamer un redressement », prédit-il, estimant que sa valeur d'équilibre de long terme se situe entre 1,10 et 1,20 dollar. Un point de vue partagé par de nombreux stratèges, d'UBS à Royal Bank of Scotland, en passant par Bank of America Merrill Lynch ou Nomura, qui prédisent un cours de change de l'euro face au dollar compris entre 1,15 et 1,26 d'ici à la fin de l'année.En attendant, l'euro a repris un peu de couleurs face au dollar jeudi, après être tombé la veille à un nouveau plancher de quatre ans à 1,2145, dans la foulée de la décision unilatérale de l'Allemagne de prendre des mesures contre la spéculation. Mais après être momentanément remonté au dessus de 1,24, il a recommencé à s'effriter. D'aucuns avancaient que cette reprise était d'autant plus artificielle qu'elle aurait été provoquée par les interventions de la Banque nationale suisse pour faire décoller son franc du plafond historique de 1,3995 pour un euro atteint mercredi. La BNS a en effet été détectée à plusieurs reprises sur le marché, vendant des francs suisses contre des euros. Autre signe de faiblesse intrinsèque de l'euro. Il s'est affaissé vis-à-vis au yen, refluant à son plus bas niveau depuis novembre 2001, perdant 3,5% de sa valeur au cours de la seule séance de jeudi, pour tomber jusqu'à 109,45. Le yen ne doit qu'au regain d'aversion au risque cette soudaine faveur retrouvée de la part des investisseurs. Car, pas plus tard que mercredi, le Fonds monétaire international avait lancé une mise en garde au Japon, l'enjoignant de commencer à réduire dès 2011 sa dette publique astronomique - la plus élevée des pays industrialisés - qui représente plus de deux fois son PIB.
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