détente

À l'image d'Édouard Manet qui en 1862 avait provoqué un scandale avec son tableau « le Déjeuner sur l'herbe » (mettant en scène une femme nue dans la nature à côté de deux hommes strictement vêtus), les peintres impressionnistes, Monet en tête, ont, à sa suite, cultivé l'art du pique-nique comme un moment privilégié, synonyme de bonheur et d'art de vivre à la campagne. Aujourd'hui, alors que l'on s'apprête à célébrer leur joie de peindre de Giverny à Honfleur, en longeant la Seine et l'Epte, avec plus de 200 expositions et autres spectacles, c'est aussi l'art de déjeuner sur l'herbe que chacun ici veut fêter avec l'organisation de pique-niques géants dans toute la région.Envie de simplicité, désir de convivialité ? Quoi de mieux que d'étendre une nappe blanche ou à carreaux, de se retrouver entre amis ou en famille pour picorer quelques terrines concoctées maison, en conversant tranquillement. Chacun le sait, étymologiquement, le pique-nique sous-entend que tous les convives participent à l'élaboration du menu. L'un apporte le cake aux olives, l'autre les fraises ou le champagne rosé. L'important est de partager sans avoir à se soucier de bien se tenir. Ou presque. Car l'élégance est ici affaire importante. Ces dernières années, contrairement à la tradition populaire, du sandwich saucisson oeuf mayonnaise, en bord de route, très prisé en France, les pique-niques chic ont le vent en poupe. Et attirent de plus en plus les jeunes diplômés. Les organisateurs du Dîner en blanc, qui, à la manière des apéros Facebook, réunissent chaque été des centaines de convives dans des jardins de prestige (Versailles, les Invalides, le Jardin des Plantes, etc.) le savent bien : pour réussir une garden-party, il faut veiller au style. Ici, chaque invité (il y a autant d'hommes que de femmes ; les uns et les autres se faisant face à chaque tablée) soupe habillé en blanc autour d'une nappe immaculée. Les chandeliers sont de sortie, les verres ont un pied, la vaisselle est en porcelaine. Il ne viendrait à l'idée de personne de déroger à la règle, ce serait une faute de goût absolue. Leur modèle ? La perfide Albion qui depuis le XVIIe siècle est maîtresse dans l'art du pique-nique. De l'autre côté de la Manche, à Epson, Ascot, les grandes compétitions sportives sont autant d'occasion de déjeuner sur l'herbe en smoking. En France, le Prix de Diane maintient également la tradition. Autant dire qu'en ces temps de valeurs refuges et d'apologie du respect de l'environnement, déjeuner sur l'herbe est de bon ton. Pour tous. Isabelle Lefort
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