Patrick Chovanec, professeur d'économie à l'université de Tsinghua, basé à PékinBeaucoup d'exportateurs chinois sont déjà sous pression pour élever les salaires. Comment seront-ils affectés, même par une faible hausse de la monnaie ?Cela dépend des exportateurs. Quelques-uns n'apportent pas de valeur ajoutée, ont déjà des marges très faibles et n'ont à offrir qu'une main-d'oeuvre peu chère. Donc, oui, ceux-là seront obligés de quitter le marché. Mais beaucoup tentent avec plus ou moins de succès de monter en valeur. Ils ne perdront pas leurs clients simplement parce qu'ils augmentent leurs coûts.Mais la Chine est-elle prête à laisser tomber une partie de ses exportateurs ?La hausse de la monnaie n'a de sens que si elle fait partie de réformes plus larges. Dans les années 1980, sous pression américaine, le Japon a doublé la valeur de sa monnaie. Mais en même temps, il a subventionné ses exportateurs et injecté du crédit facile pour garder le secteur artificiellement vivant. Au final, cela n'a eu aucun impact sur la balance commerciale. Et cela a provoqué une crise immobilière et boursière. Il ne suffit pas de réévaluer sa monnaie pour restructurer son économie. Il faut savoir vraiment renoncer à une dépendance exagérée vis-à-vis des marchés extérieurs. Ce n'est pas un choix facile. Dans le cas de la Chine, je dirais que la tentation de venir en aide aux exportateurs sera là.Quelles autres mesures la Chine peut-elle prendre pour, justement, échapper à cette dépendance ?Il faudrait qu'elle n'ait plus peur des importations. Cela avait de sens il y a dix ans, mais elle a désormais un tel excédent commercial qu'il serait temps de changer de mentalité et de commencer au contraire à favoriser l'importation.Propos recueillis par V. M.

latribune.fr

21 Juin 2010, 8:51

Partager :