L'Open Source se met en quatre pour les PME

Lorsque l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll a fermé le ciel européen, Miguel Valdés, le fondateur de ­BonitaSoft, se trouvait aux États-Unis pour poser les jalons d'une implantation commerciale. Il est resté un peu plus longtemps, a été hébergé chez son ami Benjamin Mestrallet, le fondateur d'eXo Platform, a rencontré les bons avocats, et a pu discuter longuement avec Bertrand Diard, membre de son conseil d'administration et cofondateur de Talend. Valdés, Mestrallet, Diard ? BonitaSoft, eXo Platform, Talend ? Voilà les trois mousquetaires français de l'Open Source ? nom générique des versions gratuites des logiciels. ­Certes, Miguel Valdés vient de Barcelone mais sa société est bien française.Le trait commun entre ces trois-là qui se mettent en quatre pour les entreprises ? Tous possèdent un site Web sur lequel on peut télécharger et utiliser la version gratuite de leur logiciel, c'est-à-dire la version Open Source. Tous appâtent les clients potentiels avec cette version ; tous les accoutument à une solution informatique au moins égale, souvent supérieure, aux équivalents des logiciels propriétaires. Tous ont levé des fonds, d'abord pour montrer que leur logiciel fonctionne et qu'il peut attirer des clients payants. Ensuite, pour s'implanter aux États-Unis. Des clients payants ? Eh oui, lorsque le logiciel, peu à peu, s'étend dans l'entreprise, le responsable du système d'information ­souhaite avoir une garantie industrielle de bonne fin, être sûr que le programme qu'il utilise n'est pas piraté et qu'il peut en cas de problème solliciter un expert au bout du fil. Produit gratuit, satisfaction, puis payant... mais moins cher que les logiciels propriétaires : voilà le cycle vertueux de l'Open Source. « Avec ce modèle, nous pouvons changer rapidement la donne, souligne Miguel Valdés. Car nous échangeons en permanence avec nos clients, et cette somme d'idées se retrouve dans nos logiciels. »Des trois start-up, Talend est celle qui a levé le plus d'argent (plus de 20 millions d'euros). Société poids lourd de l'Open Source avec un chiffre d'affaires qui approche les 25 millions d'euros, elle place son cofondateur, Bertrand Diard, dans le rôle de Porthos. Athos serait tenu par Benjamin Mestrallet, tandis que Miguel Valdés prendrait celui d'Aramis. Le « french corner » de la Silicon valleyLes trois hommes se connaissent, s'apprécient et s'entraident. Leurs équipes travaillent ensemble sur certains projets. Et dans la Silicon Valley, on commence à savoir que Talend a une offre remarquable pour l'extraction de données et les données de référence, que les portails collaboratifs d'eXo Platform fonctionnent bien et que le petit dernier, BonitaSoft, mérite d'être écouté. On désigne les trois start-up par l'expression « French Corner ». Et s'il manquait un d'Artagnan, le rôle pourrait être tenu par JasperSoft, le spécialiste Open Source des outils de Business Intelligence, bien qu'il soit américain et non gascon.Pascal Boulard
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