Goldman Sachs piégé par son propre modèle

Le vent tourne pour Goldman Sachs. Au deuxième trimestre, la star de Wall Street a subi de plein fouet les effets néfastes de son modèle. Son bénéfice a fondu à 613 millions de dollars contre près de 3,5 milliards un an auparavant, ainsi qu'au premier trimestre 2010. Cette chute vertigineuse est imputable à des charges, certes exceptionnelles, mais étroitement liées à son modèle. La firme a dû payer 550 millions de dollars d'amende infligée par la Securities and Exchange Commission, le gendarme de Wall Street, qui l'accuse d'avoir délibérément trompé des investisseurs dans la vente d'un produit structuré, « Abacus ». Son produit maison a donc coûté trois semaines de résultat à la banque. Celle-ci a aussi déboursé l'équivalent de 600 millions de dollars pour payer la ­« super­-taxe » en Grande-­Bretagne, liée aux bonus. Un surcoût que toutes les banques ont du supporter. Mais Goldman Sachs étant une de celles qui paye le mieux ses banquiers et traders, cette charge est particulièrement lourde. Pour J.P.Morgan, la facture de cette taxe a atteint 500 ­millions de dollars.Au-delà des aspects exceptionnels, la firme a subi les effets néfastes de son modèle de pure banque d'investissement. La baisse d'activité sur les marchés de taux (fixed income) a provoqué une chute de 35 % des revenus de trading dans ce métier. Cette conséquence était toutefois attendue par le marché. Grosses pertes de tradingMais c'est surtout le trading actions qui a plombé les résultats de la banque. Ses revenus ont été divisés par dix à 235 millions de dollars contre 2,15 milliards d'euros au deuxième trimestre 2009, laissant entrevoir d'importantes pertes de trading. « L'environnement de marché est devenu plus difficile », s'est contenté de reconnaître le PDG Lloyd Blankfein. Même les activités de banque d'affaires ont continué à reculer en raison de la baisse des émissions obligataires et des augmentations de capital par rapport à 2009, année faste dans ces métiers. Maigre consolation, seul le conseil en fusions-acquisitions a enregistré une hausse de 28 % de ses revenus, à 472 millions de dollars sur un an alors que le marché mondial a reculé. Goldman Sachs s'est félicité d'avoir renforcé sa place de leader dans ce métier.Malgré tout, le deuxième trimestre s'affiche peut être comme un tournant pour la banque américaine. Après une année 2009 exceptionnelle grâce à l'envolée des marchés et aux besoins de financement des entreprises du monde entier, l'année 2010 s'annonce médiocre. Les analystes prévoient une baisse importante des revenus de banque d'investissement et de trading. Mais surtout, les perspectives 2011 s'avèrent tout aussi mauvaises en raison des nouvelles normes réglementaires à venir.
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