Ils savent tout mais ils ne diront rien

Le cycliste Alberto Contador a beau terminer en tête le Tour de France, ce dimanche 26 juillet 2009, il ne fera pourtant pas l'ouverture du journal télévisé de 20 heures. Car, quelques heures plus tôt, un autre événement sportif a failli tourner au drame : Nicolas Sarkozy, qui faisait son footing dans le parc de Versailles, a été victime d'un malaise vagal. Transfert en hélicoptère à l'hôpital du Val-de-Grâce, attroupement médiatique, communiqués au compte-gouttes : il n'en fallait pas plus pour mettre en marche la machine à rumeurs et la boîte à secrets du pouvoir. Depuis la maladie de Georges Pompidou, politiques et médecins ont rarement fait bon ménage. « Si je suis élu, je m'engage à publier un bulletin de santé dès mon entrée en fonctions, au moins deux fois par an ensuite », avait pourtant promis Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007. Engagement non tenu : le dernier bulletin de santé du chef de l'État - en dehors de celui publié à l'occasion de son malaise vagal - remonte au... 3 juillet 2009. Les médecins, eux, sont priés de se taire. « C'est le point commun entre les politiques et nous », raconte Pierre M., qui a longtemps soigné des personnalités politiques de gauche comme de droite. « Nous partageons le secret et la connaissance, et nous sommes très liés par cette relation de confiance. » Et tant pis si les deux vont rarement de pair : les hommes politiques ont beau connaître sur le bout des doigts leur circonscription et leurs électeurs, les voilà désarmés au moment de choisir un docteur pour eux-mêmes. « Souvent, les grands de ce monde sont mal soignés, car ils sont mal informés », confie notre médecin.Se faire hospitaliser au Val-de-Grâce passe par exemple pour un must. Sans doute parce que l'établissement militaire sait se montrer discret sur ses patients. Peut-être est-ce l'une des raisons qui a poussé Jean-Pierre Chevènement à choisir cette adresse en 1998, pour se faire opérer de la vésicule biliaire. Mais l'anesthésie tourne mal : l'ancien ministre socialiste doit subir un massage cardiaque de 57 minutes avant de revenir à la vie, et devenir, selon son expression, un « miraculé républicain ». Les médecins du Val-de-Grâce évoquent une allergie au curare. Mais selon d'autres sources médicales, Jean-Pierre Chevènement aurait omis de passer une consultation anesthésiste au préalable, laquelle aurait pourtant permis de vérifier si les médicaments qu'il prenait étaient compatibles avec les produits anesthésiques... Douze ans plus tard, la transparence n'a guère progressé : les médecins des hommes politiques appartiennent à la grande muette. Quant à Jean-Pierre Chevènement, il n'a toujours pas été opéré... E. C.Demain : les petites mains du Sénat.
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