Le gouvernement accentue sa pression sur la fonction publique

Le fossé risque de se creuser encore un peu plus entre le gouvernement et les fonctionnaires après la publication, dimanche, d'un décret renforçant les contrôles des arrêts maladie chez les agents publics. Certes, il ne s'agit que d'une expérimentation annoncée depuis un an dans huit zones, mais le transfert du contrôle des arrêts des services de l'Etat vers l'assurance-maladie suscite la crispation. « Ce dispositif participe d'une accusation plus générale de la fonction publique qui se base sur le mythe qu'il y a plus d'arrêts maladie que dans le privé», note Baptiste Talbot, le secrétaire général de la CGT Fonction publique territoriale. « Si c'est montrer du doigt la fonction publique que de dire qu'il faut combattre les abus, j'assume totalement », rétorque à « La Tribune » Georges Tron. Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique estime qu'avec un taux moyen d'abus de 10 % similaire à celui du privé, l'économie potentielle pourrait être de 500 millions d'euros par an pour les fonctions publiques d'Etat et territoriale. La publication de ce décret intervient dans un contexte de tensions entre l'exécutif et les fonctionnaires, marqué par le quasi-gel de la rémunération des agents publics (+ 0,5 % en 2010, 0 en 2011) et la réorganisation des services déconcentrés de l'Etat en grandes directions moins gourmandes en hommes. une provocationLes questions d'emploi sont les plus sensibles. Dans la fonction publique d'Etat, le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, qui a conduit à une baisse des effectifs de 3,1 % en 2008, passe mal. Et dans la territoriale, l'invitation lancée en juillet par le chef de l'Etat aux collectivités locales d'appliquer la même règle a été perçue comme une provocation alors qu'une part non négligeable de la croissance des effectifs (+ 3,9 % en 2008) y est liée à des transferts de compétences de l'Etat vers les régions ou les départements.A quelques jours d'un nouvel appel à la mobilisation contre la réforme des retraites, l'exécutif prend un risque. La précédente journée ? le 7 septembre ? a été marquée par une forte progression du taux de grévistes dans la fonction publique d'Etat et hospitalière. Les multiples mécontentements pourraient se cristalliser dans le conflit des retraites. Agnès Laurent
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