Bruxelles veut une réforme ambitieuse des marchés de dérivés

DérivésCharlie McCreevy, le commissaire en charge du marché intérieur, a appelé hier à un « changement de paradigme » en matière de réglementation des dérivés. Cet ancien apôtre de la « régulation légère » a opéré un virage à 180°, appelant à une « approche globale qui permette au marché de fixer le prix des risques de façon appropriée ». « Nous ne pouvons plus nous permettre une situation où les risques soient supportés en dernier ressort par les contribuables », a-t-il ajouté, en référence aux sommes colossales investies notamment pour sauver AIG. En pratique, ses recommandations sont en ligne avec celles du G20 : réduction des risques de contrepartie en drainant les flux de transactions vers des chambres de compensation, réduction des risques opérationnels grâce à une standardisation accrue des contrats, amélioration de la transparence des transactions et de la supervision des marchés. En un mot, l'Union européenne veut ramener dans la lumière ce marché colossal des dérivés de gré à gré, très peu régulé, dont l'encours culminait en juin 2008 à près de 700.000 milliards de dollars.un registre centralCharlie McCreevy avait déjà obtenu des principaux opérateurs du marché qu'ils recourent à une contrepartie centrale pour leurs transactions sur les dérivés de crédit considérés éligibles en juillet. Ces produits, qui se sont avérés porteurs de risques systémiques particulièrement importants à cause de la concentration des risques dans quelques grandes institutions, représentent environ 7 % du total des encours de dérivés.L'Union européenne veut aller beaucoup plus loin. Elle n'exclut pas, comme l'envisagent les États-Unis, de contraindre les opérateurs à procéder à leurs transactions non pas de gré à gré mais via des marchés organisés. Elle devrait également rendre obligatoire l'inscription des opérations dans un registre central qui pourrait être celui de la DTCC américaine. Ces informations devraient être « accessibles au futur Conseil européen des risques systémiques ».Le mandat de l'actuelle Commission arrivant à son terme le 31 octobre, il reviendra au successeur de Charlie McCreevy de mettre en musique ces propositions, sachant que le lobbying des grands opérateurs du marché pour limiter les coûts inhérents à un recours accru aux infrastructures de marché sera intense. « La suite dépendra beaucoup de sa personnalit頻, explique un lobbyiste. Michel Barnier, qui siège actuellement au Parlement, est sur les rangs. Mais Londres voit d'un mauvais ?il un Français mettre la main sur la régulation financière et demande une scission du portefeuille « marché intérieur ». n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.