La grande distribution s'inquiète de la pénurie de carburant

À 4 heures ce jeudi matin, Emmanuel Casabianca, directeur général de Telemarket, était au volant d'un camion du site de supermarché en ligne pour faire le plein d'essence, avant les autres, dans les stations-service de Pantin. « Nous étions six membres du comité exécutif à en faire autant hier pour approvisionner nos 35 camions et pouvoir assurer toutes nos livraisons du jour », peste le patron de Telemarket.Les difficultés d'approvisionnement en carburant - 26 % des 12.311 stations-service en France étaient vides jeudi - perturbent totalement la logistique de la grande distribution. Certaines enseignes frisent la rupture de stock. Dans le Nord où les stations-service sont approvisionnées depuis la Belgique, Carrefour fait face à quelques retards de livraison, selon nos informations. « Tous les magasins ont été approvisionnés », assure cependant la Fédération des entreprises de commerce et de distribution (FCD). L'heure ne serait pas encore aux cellules de crise.En revanche, tous les directeurs de magasins s'inquiètent de l'impact économique de la pénurie d'essence. À commencer par les distributeurs situés en périphérie des villes. Les Français rechignent à faire leurs courses en voiture de peur d'une panne sèche. « Cela ne manquera pas d'impacter la fréquentation en hyper », admet un distributeur. Mais motus et bouche cousue. Le sujet est tabou. Ni Carrefour, ni Leclerc n'ont retourné nos appels pour recueillir leurs avis sur l'impact de la pénurie sur la fréquentation de leurs magasins. Casino assure, lui, ne rien constater, ni en défaveur de ses hypermarchés ni en faveur de ses supérettes de proximité. Système U dit être à l'abri de tout impact grâce à ses supermarchés situés à proximité de zones résidentielles. Et Auchan reconnaît un bond de 20 % de ses ventes en lignes... Certaines ont pourtant vu leur activité fléchir. « Le mois d'octobre devrait se clore sur un recul d'activité de 10 % par rapport à 2009 », déplore Guilhem Porcheron, directeur général de Jardiland. Et certains centres commerciaux sont mis à l'épreuve. « Mais l'impact n'est pas significatif », rapporte Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux. Il n'empêche. « Si les difficultés durent plus d'une semaine, il sera fort difficile de rattraper les ventes perdues », prévient Jean-Michel Silberstein. Juliette Garnie
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