Grande-Bretagne, le laboratoire de l'hyper-rigueur

Le gouvernement britannique n'aura pas reculé, présentant mercredi un budget d'hyper-rigueur pour les quatre prochaines années. L'objectif - ramener le déficit de 11 % du PIB en 2010 à 2 % d'ici 2014-2015 (année d'avril à mars)- avait déjà été présenté en juin. Mais les mesures ont été présentées en détail : chaque ministère va subir en moyenne une coupe de 19 % en valeur réelle (c'est-à-dire corrigée de l'inflation) d'ici quatre ans. Ce sont essentiellement les dépenses d'investissement qui vont être réduites (? 29 % en valeur réelle sur quatre ans), mais les dépenses courantes sont aussi réduites de 8,3 %. La Santé et l'Éducation sont relativement épargnées, mais les collectivités locales, le ministère de l'Intérieur et la Justice sont les principaux perdants. Et les allocations sociales, déjà fortement réduites en juin, font encore l'objet d'un tour de vis.« La Grande-Bretagne se lance dans une expérience économique grandeur nature, estime Tony Travers, de la London School of Economics. Les économistes sont actuellement divisés sur les effets de ces coupes, entre ceux qui pensent que cela va étouffer la reprise et ceux qui pensent que c'est nécessaire pour redresser les comptes. D'ici un an, nous saurons qui avait raison. »Plusieurs scénariosLe gouvernement britannique se défend de prendre le risque d'étouffer la croissance (qui devrait tourner autour de 1,5 % en 2011), estimant que le risque de ne pas suffisamment réduire le déficit est bien plus important. « Si des doutes reviennent sur les marchés obligataires, les pays qui seront les plus touchés seront ceux qui auront la plus forte dette », considère Mark Hoban, secrétaire d'Etat à la City. Néanmoins, une telle rigueur aura nécessairement des conséquences sur l'économie. Selon Mervyn King, le gouverneur de la banque d'Angleterre, la prochaine décennie sera « sobre ». De fait, avec son plan de rigueur, le Royaume-Uni remet l'avenir de son économie entre les mains de l'économie mondiale. « Plus celle-ci sera solide, plus le Royaume-Uni aura de chances de survivre intact à la douleur budgétaire, estime Howard Archer, économiste à Global Insight. Sinon, le pays pourrait connaître de graves difficultés. »Dans un tel scénario, Londres a-t-il un plan B, pour ralentir les coupes budgétaires ? Officiellement, il n'en est pas question. Mais quelques mémos du gouvernement ont déjà fait l'objet de fuites, parlant de différer certaines mesures. « Nous suspectons que c'est ce qui va se passer », estime le National Institute of Economic and Social Research (NIESR). Réponse dans un ou deux ans, selon que l'expérience britannique fonctionne ou pas. (Lire également page 15)
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