L'austérité britannique freine la reprise des SSII

La semaine a bien mal commencé pour les acteurs des services informatiques. La SSII française Steria qui lance un avertissement sur ses résultats annuels, le géant américain IBM qui trébuche en Bourse en raison des performances décevantes de sa division services, le cabinet Gartner qui publie des prévisions pour le moins prudentes... Il semble que la reprise tant attendue dans le secteur des services informatiques joue l'Arlésienne. De fait, selon le baromètre HiTechPros publié le 15 octobre, plus de la moitié (52 %) des sociétés de services informatiques estiment que le marché français n'est même pas encore sorti de la crise. Il faut dire que, depuis le printemps, les incertitudes macroéconomiques ont resurgi en Europe et aux États-Unis, ce qui n'incite pas les entreprises à reprendre leurs dépenses informatiques de façon massive. Dans une note publiée mardi, Gartner prédit ainsi que les investissements informatiques des entreprises, à l'échelle mondiale, augmenteront de 2,4 % seulement en 2010, à 2.400 milliards de dollars (1.722 milliards d'euros). Puis de 3,1 % en 2011, à 2.500 milliards de dollars, pour atteindre 2.800 milliards en 2014. Soit, sur l'ensemble de la période, une modeste hausse de 12 %. Et Gartner d'enfoncer le clou : les cinq prochaines années « représenteront une période de croissance timide et parfois même terne ».Frilosité« Les budgets informatiques de plusieurs secteurs clés, comme l'industrie et les services financiers, ne retrouveront pas leurs niveaux d'avant la crise économique de 2008 avant 2012 ou 2013 », précise Peter Sondergaard, responsable des études chez Gartner. Plus pessimiste encore, Keith Bachman, analyste chez BMO Capital Markets, juge que la baisse de 7 % du carnet de commandes d'IBM au troisième trimestre semble indiquer la fin de la reprise des investissements technologiques des sociétés. À la frilosité des entreprises s'ajoute celle de gouvernements en butte à des déficits publics abyssaux et donc contraints de tailler dans leurs dépenses, notamment informatiques. C'est précisément la réduction des dépenses publiques en informatique au Royaume-Uni (lire page 6) qui conduit Steria à ne plus anticiper qu'une croissance organique de son chiffre d'affaires de 1 % environ et une marge opérationnelle de l'ordre de 7 %, pour 2010. Quelques jours auparavant, Atos Origin avait publié au titre du troisième trimestre un chiffre d'affaires en repli de 3,5 % (à taux de change et périmètre constants), imputable pour moitié, là encore, à la baisse des dépenses publiques en services informatiques de l'autre côté de la Manche. Pression sur les tarifsC'est dire si le rapport de force entre donneurs d'ordres et prestataires informatiques sera plus que jamais en faveur des premiers, au cours des prochains mois. Début septembre déjà, une précédente étude de Gartner indiquait que les entreprises et administrations européennes entendaient accentuer leur pression à la baisse sur les tarifs de leurs prestataires de services informatiques.
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