Goldman Sachs ou les excès de Wall Street

l'histoireGoldman Sachs est-elle maléfique? ou juste trop bonne ? », « La fureur provoquée par Goldman Sachs », « Goldman Sachs a alimenté les paris d'AIG »? Depuis que, en septembre 2008, le Trésor, dirigé par l'ancien PDG de la banque Henry Paulson, a laissé sombrer Lehman Brothers, pas une semaine ne passe sans que la presse américaine ne consacre un titre incendiaire à Goldman Sachs. Pour le public et le Congrès, l'établissement dirigé par Lloyd Blankfein est devenu le symbole des excès de Wall Street, de la spéculation et des bonus mirifiques. Des millions d'Américains peinent à se remettre du tsunami des crédits subprimes. De son côté, jamais Goldman Sachs n'a été si puissante.Au cours des neuf premiers mois de 2009, ses revenus se sont inscrits à 35,5 milliards de dollars, en hausse de 49 %, tandis que son résultat net a bondi de 90 % à 8,43 milliards de dollars. À titre de comparaison, pour l'ensemble de l'exercice 1999, ses revenus s'étaient élevés à 5,6 milliards de dollars et son bénéfice net, à 2,7 milliards. En dix ans, ses effectifs ont plus que doublé, à 35.500 employés. L'exercice 2009 promet d'être faste. En un an, l'action Goldman Sachs a grimpé de 148 % à 163 dollars. Des profits record se profilent, tandis que 16,7 milliards de dollars ? un montant là aussi inégalé ? ont déjà été mis de côté pour rémunérer les employés.« Government Sachs »Pendant l'essentiel de la décennie 2000, cette institution fondée en 1869 s'est évertuée, comme le font généralement les banques d'affaires, à éviter les projecteurs. La première entorse survient lors de l'explosion de la bulle technologique : Goldman Sachs est accusée d'avoir manipulé le cours de sociétés dont elle a piloté l'introduction en Bourse. Une digression éthique dont la banque s'est toujours défendue. Puis l'établissement a su redorer son blason. Analystes et médias économiques ont salué sa diversification réussie sur le plan géographique ? le groupe est désormais présent dans plus de 30 pays ? et dans ses métiers, notamment dans les marchés de taux.Mais depuis la chute de la maison Lehman il y a un peu plus d'un an, l'image de Goldman Sachs est dégradée. Ses détracteurs l'accusent d'avoir précipité la faillite de sa rivale grâce à sa proximité avec Henry Paulson. Ils la surnomment « Government Sachs » et dénoncent son influent réseau d'anciens dirigeants présents dans chaque gouvernement américain, dans les hautes sphères économiques, financières (Nyse, Banque mondiale?) et dans la politique. Autre grief : Goldman Sachs aurait profité de l'ouverture des facilités de crédit de la Réserve fédérale (Fed) aux banques d'affaires et des 10 milliards de dollars perçus dans le cadre du plan de soutien au système financier (Tarp) ? et depuis rendus avec 23 % d'intérêts ? pour spéculer et non contribuer à la reprise économique. De plus, sans la nationalisation du géant de l'assurance AIG sous la houlette de Paulson, Goldman Sachs aurait fait faillite. La banque n'aurait en effet pas pu récupérer 13 milliards de dollars au titre de contrats pris auprès de l'assureur pour protéger son exposition aux crédits subprimes. Autant d'accusations que la banque nie en bloc. « Hank Paulson est probablement la personne la plus morale que j'ai jamais rencontrée, et imaginer qu'il soit intervenu pour aider son ancienne société est inconcevable », affirme Lucas Van Praag, le porte-parole de Goldman Sachs. Celui-ci attribue la vindicte populaire au climat économique, et remarque que « certaines personnes se satisfont toujours des théories du complot ».« le travail de Dieu »Pour tenter de réhabiliter son image, la banque, qualifiée « d'énorme calamar vampirique » par le magazine « Rolling Stones », vient de faire deux annonces : elle consacrera 500 millions de dollars pour aider les PME à créer des emplois et privera en 2009 ses 30 principaux dirigeants de primes en numéraire. Ceux-ci recevront des actions dont ils ne pourront se défaire qu'au bout de cinq ans. Mais Lloyd Blankfein, qui en 2007 a touché 68 millions de dollars, devra soigner sa communication. Dans un entretien au « Sunday Telegraph », le PDG a assuré que son travail avait un « objectif social » et qu'il réalisait ainsi « le travail de Dieu ». Blankfein a depuis présenté ses excuses. Plus sobrement, son porte-parole affirme que, de par sa position sur les marchés de capitaux, la banque « aide les entreprises et les collectivités à lever de l'argent » et déplore que, malgré cela, le « sentiment de colère général » lié à la conjoncture suscite « de la jalousie et un désir de vengeance » vis-à-vis de Goldman Sachs.
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