Les constructeurs contraints de nouer de grandes alliances

tratégieLe spectre des grandes alliances ratées entre Daimler, Chrysler et Mitsubishi, GM et Fiat, voire BMW et Rover, a longtemps hanté les constructeurs. Mais ces mauvais souvenirs semblent aujourd'hui oubliés. Les rapprochements arrivent par cycles. Le temps, sans doute, que la mémoire s'estompe. En 2009, les groupes automobiles n'ont donc juré à nouveau que par les synergies, les complémentarités géographiques, les échanges de véhicules, les tailles dites critiques. Cette nouvelle vague de fiançailles ou de mariages est aiguillonnée par la crise, qui a mis en évidence la fragilité de certains groupes (Fiat, Mitsubishi, voire Suzuki) et? en a même acculé d'autres à la faillite (Chrysler). De ces faiblesses naissent des opportunités.Mais des facteurs occasionnels ont aussi joué, comme la volonté de puissance de Porsche qui a voulu profiter de ses liquidités pour mettre la main sur Volkswagen. Seulement voilà, le célèbre constructeur de voitures de sport s'est fait rattraper en pleine man?uvre par la crise, laquelle a fait fondre son trésor de guerre. Et c'est finalement Volkswagen qui a acquis 49,9 % de son compatriote, et non l'inverse. Même si la famille Porsche et la branche cousine Piëch se retrouvent actionnaires de référence de? Volkswagen.Sur sa lancée, le premier constructeur européen a, par ailleurs, annoncé le 9 décembre la reprise de 19,9 % du capital de la firme Suzuki, spécialiste nippon des minivéhicules à bas coûts. Le consortium de Wolfsburg profitera notamment de l'implantation historique de son partenaire en Inde, un marché émergent clé dont il est le premier acteur.Quelques jours plus tôt, début décembre, c'était PSA qui confirmait des discussions pour prendre la majorité de Mitsubishi Motors et sceller un nouveau partenariat franco-japonais. Liés déjà par de nombreux accords de coopération, les deux groupes voient dans ce projet la possibilité d'un élargissement de leurs gammes respectives et l'accès à de nouveaux marchés. PSA est fort dans les voitures petites et compactes, avec une position dominante en Europe et une présence significative en Amérique latine. Le groupe tokyoïte jouit pour sa part d'une expertise dans la voiture électrique, les 4×4, les pick-up, ainsi que d'une implantation au Japon, en Asie du Sud-Est et en Amérique du Nord.En juin 2009, Fiat et Chrysler avaient déjà montré la voie en scellant une alliance, aux termes de laquelle l'italien prenait 20 % de l'américain, en attendant de monter à 35 % puis à 50 % et plus. Là aussi, la complémentarité, du moins sur le papier, est évidente.handicapsLe hic, c'est que ces grandes alliances, si parfaites en théorie, le sont parfois beaucoup moins dans la réalité. Rien à redire, a priori, sur le rapprochement entre Volkswagen et Suzuki. En revanche, le partenariat PSA-Mitsubishi semble moins prometteur dans la vie quotidienne qu'en théorie. Car la firme japonaise est empêtrée dans de graves difficultés. C'est un « petit » constructeur généraliste, qui souffre de fortes surcapacités, et dont les positions sont faibles sur quasiment tous ses marchés. Certes, ce sont ces handicaps qui rendent le nippon perméable au principe d'une alliance « inégale » et en font une cible pas trop chère. L'effort financier et humain que devra fournir PSA s'annonce cependant élevé, pour un gain qui reste à prouver.Quant au mariage Fiat-Chrysler, il concerne deux groupes fragiles, avec des faiblesses marquées (présence dérisoire en Asie, qualité de fabrication encore en retard sur la concurrence, image de marque médiocre, polarisation sur des modèles très éloignés les uns des autres). Bref, ce n'est nullement gagné. Mais, en attendant, le turinois reporte le renouvellement de sa propre gamme. Un phénomène inquiétant.
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