Les PME peinent à sortir de la crise

C'était un peu trop beau pour durer. Au regard de la dégradation en février du baromètre « La Tribune »-LCL-BFM TV mesurant le moral des dirigeants de PME, le rebond de 0,6 % du PIB observé au dernier trimestre 2009 devrait rester sans suite immédiate. « Ce repli va dans le sens des autres indicateurs publiés par l'Insee, qui suggèrent également un tassement de la croissance au début de l'année », constate Axelle Lacan, chez LCL. L'économiste table sur une progression de 0,2 % du PIB au premier trimestre 2010, soit un rythme trois fois moins rapide que celui constaté au trimestre précédent. « Ce résultat était flatteur, majoritairement porté par des facteurs techniques et temporaires, comme un moindre déstockage qu'aux trimestres précédents et une consommation des ménages dynamisée par l'anticipation de la fin progressive des aides publiques, telles que les primes à la casse », poursuit l'économiste.Plusieurs facteurs expliquent cette baisse de moral et donc la décélération attendue de l'économie au premier trimestre, en particulier la faiblesse de la demande. Inquiets de la détérioration du marché du travail, les Français dépensent moins. En hausse de 2,5 % par an ces dernières années, la consommation des ménages progresse toujours, mais à un rythme moins élevé (+ 1,1 % selon l'Insee à la fin juin prochain). Alors que les pays émergents sont déjà sortis de la crise depuis plusieurs mois, la zone euro, avec laquelle la France réalise les deux tiers de son commerce extérieur, est toujours convalescente. « En ligne avec les précédentes observations, l'opinion des chefs d'entreprise sur l'environnement économique se détériore, tant au niveau international que national. Ceci s'explique sans doute par le problème posé par les finances publiques en Europe », explique l'économiste. Seule la demande émanant des grandes entreprises est en hausse, ce qui est loin d'être suffisant pour redonner le sourire aux chefs d'entreprises.Pourtant, pour conserver leurs parts de marché et capter une nouvelle clientèle, les PME font des efforts. « Jamais depuis janvier 2002, date à partir de laquelle on pose cette question dans le baromètre, le prix des produits ou services vendus par les PME n'avait été aussi bas. Le record est battu », constate Yves Fradier, chez Ipsos, qui réalise ce baromètre.Compte tenu de la faiblesse de la demande, il n'est guère étonnant de voir les entreprises réduire leurs capacités de production. Entamées en septembre 2008, les destructions d'emplois dans les PME devraient donc se poursuivre au cours des prochains mois, soulignant le décalage temporel entre le timide redémarrage de l'activité et la reprise de l'emploi. Quant à l'investissement, il est en berne. Parallèlement, les crédits d'investissement ont reculé, les achats de biens d'équipement ont été encore plus faibles en février qu'en janvier constate le baromètre. Dans ce contexte, la reprise ne sera que molle. Ou ne sera pas.
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