Le Japon pousse ses patrons à la transparence

On ne badine pas avec la transparence au Japon. L'agence des services financiers (FSA), autorité de tutelle de la finance dans l'archipel, a annoncé il y a quelques jours que les entreprises seraient dorénavant tenues de révéler dans le détail (bonus, stock-options...) le montant des rémunérations de leurs cadres si elles excèdent 100 millions de yens (802.348 euros) par an. La mesure est présentée par la FSA comme un moyen pour les actionnaires d'obtenir un meilleur accès à l'information et d'améliorer la gouvernance d'entreprise. La mesure ne répond pas vraiment à une demande sociale ou électorale plus large : les patrons japonais font assaut de frugalité, fuient l'ostentation et sont notoirement moins bien payés que leurs homologues occidentaux. Le directeur général de Toyota a toujours eu un salaire nettement inférieur à celui de General Motors, même quand ce dernier était en faillite et que Toyota devenait leader mondial de son secteur. Seule anicroche à ce tableau flatteur : les dépenses de représentation, pour lesquelles les autorités fiscales sont d'une libéralité exemplaire, ce dont profite allégrement le patronat japonais. taxer plus efficacement« Au Japon, le boom des voitures de luxe s'explique par le fait qu'une Rolls Royce peut être considérée comme une voiture de fonction », explique un conseiller fiscal étranger établi à Tokyo. Il n'en reste pas moins que la FSA prend cette mesure à un moment où le proverbial égalitarisme japonais semble en charpie : selon une récente enquête du ministère de la Santé, 16 % des Japonais vivent au-dessous du seuil de pauvreté, ce qui le place parmi les pays les moins bien lotis de l'OCDE sur ce plan. Pour les intéressés, la mesure en question représente surtout une manière de radiographier leur revenu réel et donc de le taxer plus efficacement. Le gouvernement s'inquiète notamment de la propension des riches Japonais à s'expatrier une fois la retraite venue, empochant au moment de leur départ une partie de leur rémunération qui échappe à l'impôt.
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